Le thème de la dévoration dans la sculpture romane de France et d'Espagne : 'Etude iconographique, enjeux politiques, aspects eschatologiques
Auteur / Autrice : | Raphaël Guesuraga |
Direction : | Michel Pastoureau |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Art et archéologie, sculpture, Moyen Age |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette recherche se fonde sur l'inventaire de l'ensemble des scènes de dévoration connues en France et en Espagne où un humain a tout ou partie du corps dans la gueule d'un animal androphage (600 exemplaires recensés). Ces images ont été abordées selon deux grandes approches. Une approche quantitative, statistique, fondée sur l'analyse de plusieurs variables: les régions dans lesquelles se situent ces images, leur support de rattachement, leur emplacement sur l'église, leurs composants iconiques, leur environnement syntaxique. Une approche de type iconographique, qualitative, en rapport avec le contexte historique dans lequel elles ont été produites. Ces images posent de délicats problèmes interprétatifs, quand on ne leur dénie pas toute signification. Loin de représenter Jonas avalé puis recraché par un poisson comme certains auteurs ont pu l'affirmer, certaines d'entre elles illustreraient les étapes de l'eschatologie chrétienne: le passage de la vie à trépas, I'attente de l'âme dans l'au-delà avant l'heure du Jugement, I'accès à l'enfer, la damnation éternelle à proximité de satan au cœur de l'enfer. Et pour la grande majorité de ces images, il s'agirait de vivants sous l'emprise du Diable, non pas sur le point d'être avalés ou recrachés par l'animal, mais subissant une sorte de dévoration permanente. Ce sont en général des pécheurs hors-normes, les pires d'entre eux, les ennemis du Christ et de I'Ecclesia, c'est-à-dire les adversaires politiques des commanditaires de ces images. Car celles-ci ont été produites au cours de la réforme grégorienne, par des commanditaires réformateurs, dans le but de diaboliser leurs adversaires et légitimer leurs propres engagements religieux. Ces résultats iconographiques pourraient, dans le futur, modifier notre approche de la sculpture romane qui véhiculerait des discours à caractère non seulement religieux ou moral, mais également social et politique.