Thèse soutenue

Une politique de la mort : tombeaux royaux de la péninsule ibérique : XIe - XIIIe siècle

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Auteur / Autrice : Xavier Dectot
Direction : Alain Erlande-Brandenburg
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art funéraire médiéval
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Partenaire(s) de recherche : Autre partenaire : École pratique des hautes études. Section des sciences historiques et philologiques (Paris)
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Xavier Barral i Altet

Résumé

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La mort des souverains de la péninsule ibérique fait l'objet d'une mise en scène reposant sur divers modèles : le rituel mis en place par Ferdinand 1er de Castille et Léon au XI e siècle, les récit de la mort du Cid et des personnages bibliques. A partir du XII e siècle se mettent en place des techniques d'embaumement. Les souverains sont enterrés avec un mobilier funéraire important, voire avec le squelette d'un animal familier. L'enterrement se fait près des reliques, quitte à procéder à une translation de celle-ci. Les souverains s'assurent aussi de recevoir des prières, parfois en détournant les routes du pèlerinage. Il faut aussi noter une transformation du statut des rois défunts : à la fin du XIIIe siècle, ils se voient prêter des vertus proches de celles des corps saints. D'abord enterrés dans les bâtiments adjacents aux églises, les souverains imposent leurs tombeaux au sein de l'édifice, entre cœur et sanctuaire, voire dans le rond-point. Le choix du lieu de sépulture repose sur deux types de considérations : l'affirmation dynastique qui se traduit par une sépulture auprès de prédécesseurs auxquels le souverain tient à se rattacher, et la dévotion personnelle qui seule permet d'expliquer le choix d'une sépulture à l'écart de tout prédécesseur où successeur. A l'intérieur même de l'édifice, l'emplacement relatif des tombes opère, par les relations qu'il crée, une réécriture de l'histoire, dimension que les réorganisations de tombeaux rendent encore plus sensibles. Un phénomène marquant est la fidélité des souverains de la péninsule au sarcophage, qui est employée jusque dans les premières années du XIV siècle. Il ne s'agit pas là cependant d'un choix exclusif, puisque certains commanditaires optèrent pour des gisants ou pour des dalles. A mesure qu'elles se développe, l'iconographie des tombeaux témoigne de leur dimension politique par ses multiples références au souvenir de l'imperium wisigothique ou, parfois, à l'empire carolingien ou germanique.