Mutations identitaires à Mumbai : analyse de trois entreprises de restauration collective
Auteur / Autrice : | Alexandra Quien |
Direction : | Francis Zimmermann |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie et anthropologie sociale |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
L'étude de trois entreprises de restauration collective, localisées à Mumbai en Inde, a permis d'explorer deux domaines, le travail et l'alimentation, et de saisir, à travers eux, la façon dont se jouent concrètement les relations sociales entre leurs différents acteurs. Dirigés par des femmes et employant en majorité des femmes, ces entreprises, qui ont été fondées dans une perspective caritative ou se réclamant d'utilité publique, regroupent des individus aux profils très différenciés autant sur le plan social, culturel et économique. La première entreprise, qui a servi de pivot à ce travail, touche un milieu populaire strictement hindou et maharashtrien : sa cuisine défend le maintien de spécialités gastronomiques locales. La deuxième entreprise,qui propose des mets sophistiqués inspirés de la cuisine européenne, a aussi donné l'occasion d'étudier une situation où travaillent ensemble des individus de communautés religieuses différentes et en particulier la minorité parsie de Mumbai. Le troisième établissement présente un autre cas de figure : offrant un contraste entre une direction, qui appartient à l'élite brahmane occidentalisée, et des employées en majorité de basse caste, il apporte aussi un éclairage sur une nouvelle forme de régime inspiré des Etats-Unis, un végétarisme dit ''moderne'', préconisant le retour à une vie naturelle comme antidote à la vie urbaine. Comparant ces trois situations, la thèse tente de dégager les différentes logiques sociales à l'oeuvre au sein de ces entreprises qui, à travers leur entrecroisement, leur combinaison, voire leur opposition, convergent vers un affaiblissement des marqueurs normatifs et une forme d'autonomisation des rapports sociaux ouvrant sur de nouvelles formes de sociabilité. Cette autonomisation, qui revêt des formes très variées en fonction des individus et des groupes sociaux envisagés, met en avant la diversité des principes hiérarchiques en jeu dans la construction identitaire des acteurs.