L' infanticide en Chine et l'action missionnaire (1870-1926)
Auteur / Autrice : | Magali Nié-Boukhéris |
Direction : | Alain Roux |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'infanticide est un phénomène délicat à cerner, un crime difficile à authentifier, plus encore en Chine au 19ème siècle. Longtemps présenté comme un recours systématique des familles souhaitant supprimer les filles en surnombre, il était en fait moins fréquent. L'habitude de laisser les enfants morts ou mourants à l'extérieur des maisons, à même la terre, a induit en erreur les témoins occidentaux. Son existence a été niée, par les uns, exagérée, par les autres, tout comme l'existence d'une '' charité chinoise ''. Les seuls faits tangibles sont les actions entreprises par les missionnaires chrétiens en vue de minimiser le nombre des victimes et d'apporter le baptême au plus grand nombre d'enfants possible. Ils ont recruté des ramasseurs de bébés ; pour les rares survivants : nourrices, orphelinats et écoles sont à disposition. Les intentions étaient louables mais les moyens employés maladroits. Des dérives inévitables s'installèrent avec des conséquences parfois dramatiques : Le Massacre de Tianjin en est l'exemple le plus connu. Le vrai problème était le statut de la femme en Chine qui faisait préférer le fils à la fille. Cette évidence était soutenue par des croyances populaires qui privilégiaient l'élimination de l'enfant porteur du '' mauvais œil '' ou présentant des anomalies physiques. Des événements extérieurs comme les catastrophes naturelles renforçaient cette sélection. Les missionnaires en tentant d'endiguer ce mal y ont trouvé des compensations évidentes : la justification de leur présence au sein du territoire chinois mais aussi l'acquisition de nombreux terrains. Vis à vis de l'Europe, les chiffres des baptêmes masquaient ceux plus médiocres des conversions, et fournissaient un moyen d'obtenir davantage de soutien financier afin de rivaliser avec les protestants. Les enfants, ainsi recueillis, formaient ensuite des ménages chrétiens et des sphères d'influence dans les villages ; à terme, ils furent même la base d'un clergé indigène.