A la recherche des cultures rencontrées par les missionnaires Jésuites et Franciscains (XVIIe-XXe siècles) : une relecture de l'acculturation des Indiens des orients boliviens
Auteur / Autrice : | Cécile Roux |
Direction : | Maryse Gachie-Pineda |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Espagnol |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Tours |
Résumé
Pendant près de deux siècles de colonisation espagnole et un siècle de république bolivienne, les territoires de Moxos, de Chiquitos et du Chaco ont été placés sous le contrôle des ordres religieux, jésuite (jusqu'à l'expulsion de 1767) et franciscain (jusqu'en 1930). Des milliers d'Indiens ont été regroupés dans des missions qui avaient pour objectif de les transformer en hommes nouveaux ''civilisés'' et ''chrétiens''. De nombreuses stratégies furent alors mises en œuvre pour changer leur univers socio-politique, économique et religieux, et les ''occidentaliser''. Une très riche bibliographie sur le sujet (témoignages des missionnaires et des voyageurs jusqu'au XIXème siècle, rapports officiels d'autorités militaires, civiles et religieuses) met surtout en lumière les succès remportés par la foi catholique sur la ''barbarie'' de l'Indien. Mais elle omet de comparer le monde culturel et politique indien préhispanique avec celui imposé par les missionnaires -comparaison qui aurait montré l'acculturation qui s'est produite et aurait redonné à la figure historique de l'Indien la dimension socioculturelle qui était la sienne avant l'installation des missions. La première partie de la thèse propose une analyse de la Bolivie actuelle et de la Bolivie coloniale - ce qui permet de préciser le contexte historique et géo-politique. En effet, il est fréquent d'associer directement ce sujet aux prestigieuses missions guaranies de l'ancien Paraguay, alors qu'une situation semblable a existé en Bolivie. La deuxième partie étudie la très grande diversité ethnographique, puis l'organisation socio-économique, politique et religieuse des indiens concernés, avant l'action de ces missions jésuites et franciscaines. La troisième et la quatrième parties exposent les différentes méthodes et stratégies de réduction appliquées, l'organisation des missions, et les changements qui sont alors intervenus. Elles s'interrogent sur le sens de l'acculturation (ou déculturation ?) qui s'est opérée. La conclusion tente de dresser un bilan des échecs et des succès obtenus par ces deux ordres qui connurent des destins divergents en replaçant chaque fait dans son contexte et en détectant un lien entre messianisme indien et utopie missionnaire. Ce travail prétend enrichir la vision du monde indien, chargé aujourd'hui encore d'un très lourd héritage, dans l'Amérique dite latine et en Bolivie en particulier.