Le bizutage dans les écoles d'ingénieur-e-s : l'asymétrie des sexes comme ressort d'action d'une idéologie défensive
Auteur / Autrice : | Martine Corbière |
Direction : | Jean-Michel Berthelot |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Résumé
Les tentatives d'appréhension du bizutage, l'ont qualifié de rite de passage. Si nous admettons qu'aujourd'hui le passage à l'âge adulte est une réalité diffcilement observable, compte tenu du fait que les transitions sont multiples et s'opérent tout au long du parcours de vie, alors il faut bien concevoir que ce genre de conclusions soit être sérieusement et systématiquement éprouvé. Nous avons dans ce travail posé l'hypothèse qui suit : le bizutage, pâle imitation du rite de passage, opère essentiellement pour renforcer le collectif : la réitération du rituel contient l'altérité et bâtit de l'identique. Les écoles d'ingénieurs évoluent dans un champ concurrentiel, l'élaboration collective que permet le bizutage obéit selon nous à une « idéologie défensive » : se distinguer de ses semblables, afficher une cohésion, une mobilisation, permet d'entrer « carapacé » dans la bataille larvée qui oppose les différents centres de formation. Questionnant également le bizutage dans sa forme, nous nous sommes demandée quels contours particuliers prenaient ces assujettissements ? Il apparaît clairement que le bizutage met en jeu des rapports de soumission. Si nous aiguisons notre regard, le corps apparaît comme un des vecteurs de cette domination. Le corps que l'on contraint, parfois que l'on dresse, que l'on supplicie. Le bizutage place donc au centre des échanges symboliques cette question des corps. La co-présence du masculin et du féminin dans l'ensemble des écoles d'ingénieurs nous a emmené à nous questionner sur les interactions de genre. Notre recherche a construit ces investigations autour de l'hypothèse suivante : la structuration de la virilité constitue un enjeu important du bizutage qui, malgré une mixité à prétention égalitariste désormais de mise dans la quasi-totalité des formations où il est à l'oeuvre, a pour principal ressort d'action l'asymétrie des sexes. Elle s'est appliqué à saisir les relations inter-genre (hommes/femmes) et intra-genre (hommes/hommes et femmes/femmes) pour comprendre comment les places qu'occupent les garçons et les filles se négocient. Nous nous sommes demandée quelle partition sexuée des positions de pouvoir et d'influence pouvions-nous rencontrer.