Langues en contact dans le Tyrol du Sud-Haut Adige : études ethno-sociolinguistiques et approches didactiques de l'allemand
Auteur / Autrice : | Lionnel Bernard |
Direction : | Frédéric Hartweg |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Linguistique |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Université Marc Bloch (Strasbourg) (1971-2008) |
Mots clés
Résumé
Le bilinguisme, le rapport égalitaire entre langue territorialisée et langue nationale, peut être compatible avec l'existence d'un état dès lors que la minorité prend conscience de ses particularismes. Le Tyrol du sud est l'exemple d'une région germanique où vit une minorité active appartenant à une civilisation qui est la même de part et d'autre des Alpes et qui se bat pour la pérennité de sa langue. La réparation historique de la majorité et la solidarité historique entre les membres de la minorité évitent le déclin de la langue allemande qui demeure aujourd'hui bien vivante et très répandue, même si elle reste exposée à la poussée de l'italien. Les différentes formes d'emprunt à l'italien n'influencent pas l'organisme linguistique interne de l'allemand standard qui s'est bien infiltré dans les structures socio-économiques du territoire depuis la mise en place d'un statut d'autonomie provincial en 1972, et les interférences sont à considérer soit comme un reliquat linguistique d'une époque antérieure où l'allemand n'avait pas droit de cité, pendant le fascisme, soit comme une économie de langue. Par ailleurs, une certaine conscience tyrolienne des germanophones, tous d'expression dialectale, va de pair avec l'apparition d'une langue supra-dialectale dans la principale ville de la province, malgré un environnement majoritairement ''italianisant''. Enfin, une approche diachronique et synchronique de l'allemand dans les écoles de langue allemande favorise l'existence d'un continuum de discours entre les locuteurs des différentes variétés géodialectales de la tyrolia. Aujourd'hui, la langue tyrolienne existe par individuation, et les batailles d'Andreas Hofer et la résistance tyrolienne contre les troupes franco-bavaroises lors des conquêtes napoléonniennes forment le commencement, le ''fait initiateur'' de la nation tyrolienne.