Groupes et individus dans l'épiscopat français au milieu du vingtième siècle : (1930-1960)
Auteur / Autrice : | Frédéric Le Moigne |
Direction : | Michel Lagrée |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Rennes 2 |
Résumé
Le corps épiscopal français renouvelé par Pie XI après la condamnation de l'Action française (1926) dans le but de substituer l'esprit de conquête à celui de défense religieuse présente une profonde unité. Cette communauté n'est pas seulement favorisée par la mise en place partagée de l'Action catholique spécialisée mais porte également la marque ancien combattant. Identités française et catholique se mêlent intimement chez les nouveaux prélats soucieux de promouvoir l'intégration des fidèles au centre de la communauté nationale et de conjuguer dans des discours optimistes patriotisme et pacifisme. Durant la décennie trente, ces aspirations heurtèrent l'ancienne génération d'évêques plus conservatrice. En 1940 cependant, la figure de Pétain fédéra rapidement la totalité de la hiérarchie catholique. Le temps n'altéra pas cette relation et, si une minorité d'évêques se distinguèrent (réactions de 1942), la majorité des prélats restèrent jusqu'au bout tragiquement prisonniers du loyalisme maréchaliste. Les arrestations de la fin de l'Occupation furent ainsi effacées par les destitutions de la Libération. Incapable de reconnaître l'action de la jeunesse résistante, la génération des évêques anciens combattants perdit le crédit héroi͏̈que né dans les tranchées. Le contrecoup du vieillissement fut notable et s'exprima par une incompréhension nouvelle du temps. L'autorité hiérarchique à nouveau contestée durant la décennie suivante (prêtres ouvriers) accentua encore cet enfermement. Toutefois, on ne saurait méconnaître les efforts d'adaptation du message épiscopal (décolonisation). La montagne conciliaire ne doit pas non plus cacher les bonifications institutionnelles au sommet de l'Eglise durant la période antérieure (assemblées pleinières). La longévité du gouvernement de la génération des évêques de Pie XI (trente années jusqu'au Concile) permet à cette étude sur le groupe de se développer en suivant le rythme de la biographie individuelle :: jeunesse, maturité, vieillesse.