Thèse soutenue

Politique de la langue et différence sexuelle

FR
Auteur / Autrice : Claudie Baudino
Direction : Dominique Colas
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 9

Mots clés

FR

Mots clés contrôlés

Résumé

FR

Madame le ou Madame la ministre? Cette question a souvent résumé dans la presse le débat sur la féminisation des noms de métier, fonction, grade ou titre. Elle semble anecdotique- pourtant, cette entreprise linguistique a soulevé à deux reprises, en 1984 et en 1998, une vive controverse publique dans laquelle des intellectuels et académiciens de renom sont intervenus ; par ailleurs, ce sont deux rapports officiels, commandés par le premier ministre, qui ont récemment encadré la féminisation des usages dans l'administration. En mettant la féminisation des noms de métier au centre de l'analyse, cette thèse a pour objet de montrer qu'elle recèle des enjeux politiques essentiels. La féminisation des noms pose, en français, le problème de la relation entre genre grammatical et sexe de la personne désignée. La première partie de ce travail s'attache à montrer comment cette question de grammaire est devenue politique puis, comment des arguments en apparence grammaticaux ont discrédité ce projet politique. En analysant en contrepoint de ce débat linguistique, la dernière réforme de l'orthographe et la reforme paritaire, la deuxième partie propose une interprétation de la controverse publique. Elle montre que si la féminisation apparaît dangereuse c'est parce qu'elle constitue une double revendication de pouvoir. Revendication de femmes à gérer la norme linguistique, elle est dangereuse dans son intention mais aussi dans son principe. Non seulement, la désignation des femmes au féminin les rend socialement visibles mais, surtout, la déclinaison des deux formes, féminine et masculine, suggère que l'humanité est duelle. Le renouveau de ce débat linguistique au cœur du débat paritaire n'est donc pas un hasard. En donnant les moyens d'inscrire la différence des sexes dans les textes juridiques, la féminisation participe à la contestation de la neutralité du sujet de droit et pourrait constituer le véritable vecteur de la parité.