José Martí : d'une pensée européenne à une pensée latino-américaine propre

José Martí : from a European thought to an autonomous Latin American thought

• Auteur / Autrice : Freya María Serna Cobo
• Direction : Paul Estrade
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Études hispaniques et hispano-américaines
• Date : Soutenance en 2000
• Etablissement(s) : Paris 8

Mots clés

Mots clés contrôlés

Martí, José (1853-1895 ; homme politique)

Idées politiques

Amérique latine -- 19e siècle

Impérialisme

Résumé

Malgré les efforts d'émancipation mentale de la fin du XVIIIe siècle en Amérique hispanique, la dépendance des intellectuels latino-américains vis-à-vis de la production théorique des nations européennes pour leur interprétation de la réalité latino-américaine empêche, jusqu'au denier quart du XIXe siècle, l'élaboration d'une pensée latino-américaine propre. Dans le dernier quart du XIXe siècle, l'indépendantiste cubain José Martí interprète la réalité de l'Amérique latine à partir de la connaissance de la réalité politico-sociale latino-américaine dans son évolution historique et à partir de cette interprétation, le Cubain formule un projet politico-social en mesure de permettre à l'Amérique latine de dépasser les contradictions dérivées de trois siècles de domination coloniale espagnole et de plus d'un demi-siècle de vie républicaine. Le parcours idéologique qui porte José Martí à rompre avec les conditionnements imposés par la condition coloniale et néo-coloniale du contexte où il réalise son œuvre et son action, et qui le porte ainsi à pouvoir élaborer une pensée américaine propre, coïncide avec l'évolution de sa pensée politico-sociale. Ainsi, l'évolution de sa pensée politico-sociale a été divisée en trois étapes qui rendent compte de la formation, de la définition et de l'affirmation d'une pensée latino-américaine propre. L'étape de la formation a été située dans les années où José Martí, à partir de ses expériences à Cuba, en Espagne et en Amérique latine, transforme sa revendication pour l'indépendance de Cuba en une revendication de l'identité historique et culturelle de l'Amérique latine. En 1889 et 1891, le déroulement des deux événements qui inaugurent en Amérique latine la stratégie impérialiste des États-Unis (la conférence panaméricaine et la Commission monétaire internationale), José Martí affirme sa pensée américaine propre dans ses discours ''Madre América'' et son essai ''Nuestra América''.

Despite the endeavours of mental emancipation in Hispanic Latin America at the end of the 18th century to the last quarter of the 19th century, Hispanic Latin American intellectuals were dependent on the intellectual production of the European nations for their interpretation of their own Latin American reality, thus hindering the formulation of their own Latin American thought. At the end of the 19th century, the Cuban independist José Martí interprets the Latin American reality starting from the understanding of social political realities with regards to the historical evolution and, on the basis of this, the Cuban formulates a social political project that enables Latin America to overcome the contradictions produced by over 3 centuries of Spanish colonial domination and more than 50 years of republican life. The ideological course which encourages José Martí to break away from the conditioning imposed by the colonial and neo-colonial condition of the context in which he writes his piece of work and carries out his activities as well as elaborating his personal American ideology coincides with the evolution of his social political theory. Thus the evolution of José Martí's social political theory has been devided in three parts: the formation (?-1881), the defining (1881-89) and the affirmation (1889-91) of his own Latin American way of thinking. The following stage of the embodiment of his theory occurs between 1892 and 1895 when he develops his revolutionary action for the independence of Cuba and Porto Rico. During this stage, in which José Martí's praxis is expressed both by his pen and his rifle, the Cuban enriches/nourishes/feeds his interpretation of the Latin American reality with his analysis of the reality of the island, until his death on May 5th 1895 at Dos Rios.