Le discours hygiéniste
Auteur / Autrice : | Stéphanie Orrico |
Direction : | Francine Demichel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit médical |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Nous avons constaté que l'hygiène ne constituait pas une finalité mais un moyen, le discours hygiéniste servant des intérêts autres que ceux que le sens commun lui assigne. C'est ainsi que l'histoire des pratiques hygiénistes anciennes a montré d'abord que le discours hygiéniste est fortement ancré dans la pensée religieuse (le salut de l'âme passe donc par la purification du corps), ensuite que le discours hygiéniste est imposé par les acteurs sociaux dominants comme un paramètre fédérateur de reconnaissance sociale (le discours hygiéniste est délibérément élitiste). En dépit des textes de lois restrictifs, l'État se désinvestit d'une zone d'intervention dans laquelle sa compétence devrait naturellement s'appliquer, à savoir les milieux hospitalier et carcéral. Le premier est propice au développement d'infections nosocomiales, le second impose une privation ou une restriction d'hygiène comme une mesure punitive. L'imposition d'une certaine image de l'hygiène a entraîné notre société vers une société inodore, où toute odeur du corps est bannie. On assiste alors à l'instauration d'un seuil d'acceptabilité de l'odeur du corps humain. Cette imposition de l'hygiène resurgit à une moindre échelle sur le comportement de la femme. L'image que la femme intériorise est en effet modelée d'abord par des schémas extérieurs imposés par la publicité et ensuite par une représentation qu'elle se fait elle-même de ce que doit être la femme : une parfaite ménagère.