Thèse soutenue

Approche ethnologique de l'inadaptation scolaire à l'école primaire : 1. Des enfants sauvages 2.L'esprit nu

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Auteur / Autrice : Jean-Michel Le Bail
Direction : Pascal Dibie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Lettres, sciences humaines et sociales
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

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Résumé

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Si les premières expériences orthopédagogiques remontent à la Révolution française (Itard, puis à la fin du XIXème siècle, Séguin, Bourneville), c'est avec la création des classes de perfectionnement, en 1909, que l'on assiste à la naissance de la ''pédagogie adaptée''. Jusqu'alors, le handicap, sensoriel ou mental était considéré comme la marque d'une dégénérescence. Avec le développement des structures adaptées, les conceptions et méthodes pédagogiques évoluent. Cependant, on continue de regarder l'enfant différent comme potentiellement déviant et l'arrivée massive d'enfants de migrants a tendance à renforcer ce stéréotype. Comme l'a montré l'ethnographie anglo-saxonne, l'enseignant reproduit, souvent de façon involontaire, des procédures stigmatisantes que nous nommons ''rituels de désignation''. Lorsque ces rituels rencontrent des logiques socioculturelles particulières, l'enfant est atteint dans sa vulnérabilité et n'a plus la possibilité d'investir positivement son statut d'élève; il se construit une identité négative, ''défectologique''. En classe spécialisée fermée ou ouverte, nous pouvons mesurer à quel point les éléments biographiques de l'enfant viennent constamment s'interposer dans la relation pédagogique. En refusant de prendre en compte le sujet, avec son histoire, ses valeurs et les attitudes qui en résultent, l'enseignant prend le risque de développer chez l'apprenant un ''faux-self'', une ''façade'', aux comportements stéréotypés et ''pauvres''. Mais au-delà de ces blocages d'origine psychique, sociale, sociétale ou culturelle, c'est la projection des figures paternelles, maternelles et enfantines sur le savoir qui semblent organiser le symptôme de résistance au savoir. C'est par le recouvrement d'une parole - et à travers elle la distanciation nécessaire sur le vécu et l'immédiateté - que l'élève aura la possibilité de sortir d'une carapace qui le protège des autres comme de lui-même, mais surtout d'aller à la rencontre de sa ''singularité''.