L'univers passionnel de Villiers de l'Isle-Adam
Auteur / Autrice : | Yuataka Kimoto |
Direction : | Jacques Noiray |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2001 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
Nous ne visons pas une étude psychologique des passions chez Villiers. Nous envisageons, en tant que problème fondamental de son écriture, les deux passions qui sont constamment mises en cause dans son œuvre : la passion de la puissance et la passion amoureuse. Noble de naissance, Villiers a cherché à prouver sa noblesse par son écriture. Celle-ci est donc fondamentalement déterminée par sa volonté de puissance. Or, chez lui, être puissant et noble, c'est, avant tout, pouvoir être soi-même. Mais, puisque l'usage du langage introduit inévitablement l'autre dans l'écriture de soi, celui qui écrit risque toujours d'être dépossédé. Pour devenir soi-même par l'écriture, il faut expulser l'autre du langage dont on use. Le problème est le même en amour, car la femme peut être à la fois l'être et l'autre de l'homme chez Villiers. De même que l'écriture poétique de soi, l'amour ne se réalise que par une lutte contre l'autre. Or, l'amour est une illusion chez Villiers. L'autre de l'homme en amour consiste donc dans la vérité. De même, l'autre qui s'exprime constamment dans la parole consiste dans sa vérité immuable, dans le sens qui se constitue par la répétition. L'amour ou la poésie dont rêve Villiers ne se réalise donc qu'en un instant illusoire, mais unique. Et pour ne pas tomber dans la répétition, il faut mourir à l'instant même où se manifeste l'idéal. L'éthique du poète chez Villiers est une éthique suicidaire. Mais l'écriture en tant que texte se donne irrémédiablement à la répétition. De là résulte l'ambiguïté fondamentale de l'écriture villierienne.