Images de la francophobie en Espagne : l'écriture de la crise de 1635
Auteur / Autrice : | Catherine Dentone |
Direction : | Jean-Pierre Étienvre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Résumé
En 1635, la France déclare la guerre à l’Espagne. Des écrivains espagnols se lancent dans une propagande francophobe. Ils s'inspirent du courant pamphlétaire virulent qui, en France et en Flandres, s'exprime contre le cardinal de Richelieu. Née dans l'urgence, l'écriture partisane espagnole s'apparente à la littérature de circonstance ; elle comporte des traits grossiers. Toutefois, les auteurs revendiquent une élégance et des prétentions didactiques : un code de l'honneur interdit tout débordement verbal. Les notions de respect et de réputation prévalent. Les écrits polémiques offrent donc une ambivalence : accents populaires et accents plus savants coexistent. Cette dualité apparait dans la conception, la présentation et le paratexte. La fabrication est rudimentaire, le format, petit, les textes, anonymes, le genre abordé, incertain, mais des prologues, des dédicaces et des illustrations témoignent d'un travail de représentation. Cette dualité apparait encore dans l'argumentation, fondée sur des stéréotypes et sur une didactique de la répétition, mais pourvue de citations érudites, d'exemples historiques et de démonstrations théologiques. Cette dualité apparait, enfin, dans le style. Un recours à l'anecdote symbolique et sensationnelle, à l'hyperbole et à la métaphore expressive trahit le racolage et la facilité, mais des interprétations savantes, un langage elliptique et énigmatique témoignent d'une écriture élaborée. Au cœur de la polémique, les coupables sont curieusement camoufles. Le respect de la fonction royale et de l'absolutisme impose une formulation pleine de réticences : Richelieu apparait comme le seul responsable d'une politique désastreuse. Cette réserve révérencieuse sert néanmoins l'accusation : épargné mais absent, le monarque est sans consistance. En outre, l'imprécision des désignations permet d'assimiler le pouvoir français à un pouvoir espagnol qui lui ressemble. Les armes changent de cible. Derrière Richelieu se profile Olivares.