Thèse soutenue

Les représentations figurées (peintures et sculptures) dans la littérature courtoise des XIIe et XIIIe siècles : étude de lexicologie et d'esthétique

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Auteur / Autrice : Mounira Mezghani-Manal
Direction : Philippe Ménard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Art et archéologie
Date : Soutenance en 2001
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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Une approche à la fois lexicologique et esthétique des représentations figurées permet de mettre à jour leur extrême importance au sein du roman courtois des XIIe et XIIIe siècles. Les détails techniques sont présents dans certaines descriptions de ces peintures, sculptures et images textiles. Le vocabulaire de l'art est abondant, mais les conteurs courtois préfèrent la description esthétique aux précisions techniques. S'intéressant à un vocabulaire de spécialiste, leur description n'en reste pas moins littéraire. Les quasi synonymes employés pour désigner à la fois la représentation figurée, le procédé de fabrication et les divers ornements ajoutés, témoignent du souci plutôt esthétique de la description. En effet, la beauté et la richesse des matériaux conjuguées à la rareté de la façon sont le nœud de l'ecphrasis médiévale. Participant ainsi d'un « art » médiéval, la description des images reflète, dans le roman courtois, les mêmes courants intellectuels qui marquent la pensée médiévale à cette période. Décrivant tantôt des représentations figurées relevant du merveilleux et du féerique, tantôt des objets de la vie quotidienne, la vraisemblance de l'œuvre d'art donne l'illusion de la vie. Beauté et richesse des représentations figurées humaines permettent au clerc d'exposer la courtoisie : chevalerie et amour mais aussi clergie fondent l'idéologie courtoise. La description des représentations figurées est un lieu où l'on enseigne l'amour et le savoir, et constitue un relais mnémotechnique pour le héros, le roman et la littérature. Une habile amplificatio, la description des images permet à l'auteur courtois d'y inscrire son approche romanesque à travers l'intertextualité et la mise en abyme. Par leur double réalité, picturale et humaine, les représentations figurées participent à l'intrigue tout en semant le trouble quant à leur pouvoir réel. Elle se révèle un creuset de significations et un lieu de « tissage » et de « broderie », un lieu de « sculpture » mais aussi de parure. Nouveau vulcain et nouveau pygmalion, l'auteur forge et sculpte son roman de la même facture que les représentations figurées qu'il y dessine. L'analogie des actes d' « écrire » et de « peindre » fonde la modernité du roman courtois.