Le suicide à Paris à l'époque préromantique (1791-1816)
Auteur / Autrice : | Sylvie Giraud |
Direction : | Jean Tulard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Face aux discours juridique, philosophique et littéraire, trois fonds d'archives principaux (procès-verbaux des commissaires de police, archives hospitalières et registres de la morgue) nous permettent de tenter d'établir une typologie du suicide à Paris à l'époque préromantique. La dépénalisation du suicide en 1791, requise de longue date par les philosophes des Lumières, renouvelle le débat théorique davantage qu'elle ne le clôt. Si la conception de la vertu et de l'héroïsme se forme dans les mentalités révolutionnaires avec la philosophie de Rousseau, cette composante n'apparait guère dans les pratiques quotidiennes que les procès-verbaux des commissaires de police nous permettent de retracer. La crainte de la fragilité économique et sociale, et non pas la fragilité elle-même, apparait comme le principal ressort de la mort volontaire. Par ailleurs, l'accueil des suicidaires à l'hôpital ne porte pas trace du langage psychiatrique inauguré par Philippe Pinel, que développe J. E. D. Esquirol avec une mise en concept des phénomènes psychologiques inhérents au suicide. Enfin, cette époque de mutation du suicide hors de la sphère de la criminalité n'engage pas encore d'investigations médico-légales dans le cadre de la morgue. Au sein de cette institution, le corps du suicide doit avant tout être reconnu par ses proches, donc exposé. Le nombre des cadavres de noyés ramène à la problématique du suicide comme geste qui doit, pour le plus grand nombre, rester caché, geste où se fondent, paradoxalement, l'affirmation et l'effacement de soi.