Thèse soutenue

Michel Leiris et le monde extérieur : de la communication esthétique comme dépassement de l'égocentrisme

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Auteur / Autrice : Sachiko Natsume-Dubé
Direction : Michel Murat
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature française
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Nous nommons "égocentrisme" ce qui caractérise la vision du monde de Michel Leiris qui, tel le symbole « point entouré d'un cercle », se sent littéralement au centre du monde qui est aussi la prison dont il ne peut s'évader. Des lors, toutes ses activités ont pour but le dépassement de son égocentrisme, qu'il s'agisse du merveilleux surréaliste marqué par le désir de créer un nouvel ordre du monde à l'aide des mots, ou de l'ethnographie qu'il croit "humaine" dans la mesure où elle lui permettrait de sortir de sa peau et de s'approcher de celle des autres, ou enfin du sacré qu'il éprouve chaque fois qu'il a l'impression de sortir de soi. Fruit des réflexions sur le sacré et placé sous la double tutelle de Schelling et de Proust, la communication esthétique est fondée sur la dialectique du particulier et du général, selon laquelle on atteint l'objectivité en parlant de soi de la façon la plus subjective, l'œuvre devenant alors le « lieu de l'identification du sujet et de l'objet ». Bien que l'objectif affiché de la règle du jeu soit la découverte d' « une règle d'or qui serait en même temps art poétique et savoir-vivre », l'œuvre trouve sa fin en elle-même en tant que pratique de la communication esthétique, de telle sorte que le prétendu échec de cette quête ne compromet en rien sa cohérence. Afin de maximaliser la communication esthétique, Leiris s'attache à la notion de présence (qu'il approfondit d'abord dans ses réflexions sur les peintures de Francis Bacon) dans ses derniers livres tels que Le ruban au cou d’Olympia, où est présent non l'auteur existant « à médiocre hauteur d'état civil » mais un être hybride relevant autant de la réalité que de ses vérités poétiques. Leiris parvient alors à mener une seconde vie « en ce lieu poétique qui n'est ni vie ni mort », surmontant son égocentrisme dans cette identification esthétique du sujet et de l'objet.