Vers la transparence : création poétique et expérience du sacré dans l'oeuvre d'Octavio Paz, d'Aigle du soleil [1949-1950] au Singe grammairien [1970]
Auteur / Autrice : | Paul-Henri Giraud |
Direction : | Claude Esteban |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études ibériques |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
L'œuvre du poète et essayiste mexicain Octavio Paz (1914-1998) illustre l'une des ambitions cardinales de la poésie moderne : la volonté de ''créer'', à travers les mots, et en marge de toute foi religieuse, ''un nouveau sacré''. Critique du langage et création d'une langue, le poème, selon Paz, tend à instaurer un lien avec ''ce qui est autre'' [''lo otro''] -une ''présence'', un ''silence'', une ''transparence''. Portant sur la période centrale de l'œuvre, la présente étude retrace, en premier lieu, l'élaboration par l'auteur d'une poétique du sacré, laquelle trouve son expression la plus achevée dans un essai de 1956, L'arc et la lyre. Sont ici étudiés, en second lieu, depuis les textes en prose d'Aigle ou soleil ? [1949-1950] jusqu'aux vers et aux versets de La saison violente [1948-1957], la recréation poétique d'un imaginaire mexicain tout imprégné de sèves ancestrales, tant hispaniques que mésoaméricaines, et l'invention d'un véritable mythe personnel : la quête d'une ''parole'' libératrice et réconciliatrice, la recherche de cet ''instant'' magique qui ouvre, par-delà la mort symbolique du je et par-delà le temps, sur ''le présent'', sur ''l'autreté'' [''la otredad''], sur ''l'éternelle vivacité de la vie''. Mais l'accomplissement de ce mythe exige une écoute, un dépouillement, une ascèse verbale, comme en témoigne le progressif échelonnement du vers dans deux des livres qui font l'objet de la dernière partie de la thèse, Salamandre [1958-1961] et Versant est [1962-1968]. C'est finalement en Inde que la ''parole'' s'incarne, pour le poète, dans la femme qu'il appelle ''splendeur''. Associé à l'imaginaire du tantrisme, ritualisé, sacralisé, le poème, devenu éros, débouche sur le ''blanc'', sur ''l'illumination'' : expérience ineffable, dont la prose réflexive du Singe grammairien [1970] offre, en quelque sorte, l'image prismatique.