La fonction du lecteur dans ''Le Labyrinthe du monde'' de Marguerite Yourcenar
Auteur / Autrice : | Sun Ah Park |
Direction : | Michel Murat |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Notre étude porte sur la fonction du lecteur dans le labyrinthe du monde, l' « autobiographie historique » de Marguerite Yourcenar (Souvenirs pieux, Archives du nord et Quoi ? l'éternité). Cette trilogie présente la caractéristique principale de l'autobiographie (l'identité entre l'auteur, le narrateur du récit et le personnage dont on parle). En revanche, M. Yourcenar ne parle guère d'elle-même, et elle ne confie ni ses sentiments et ni ses expériences, contrairement à ce que présupposent les conventions du genre autobiographique au sens canonique du terme. Elle essaie de garder une attitude objective comme dans ses romans historiques. M. Yourcenar parle du passé de sa famille, en prenant sa plume d'historienne et en prenant pour point de départ son attirance pour ses propres documents familiaux. A vrai dire, elle ne cherche pas l'humanité personnelle mais l'humanité collective dans le cadre autobiographique. Cette caractéristique particulière de l'autobiographie chez M. Yourcenar nous conduit à étudier les diverses formes de la relation entre le lecteur et l'auteur. L'intention auctoriale et l'attente lectorale fonctionnent d'une manière à la fois libre et contrainte, et le décalage entre les deux composantes produit souvent l'effet esthétique du texte. La fonction du lecteur ne se cantonne pas uniquement à la compréhension des messages délibérément mis en place par M. Yourcenar. Le lecteur saisit l'intention implicite de celle-ci selon laquelle le texte prend une telle forme spécifique, repère les indications qui lui sont destinées, et enfin découvre les stratégies textuelles. L'étude sur la fonction du lecteur nous permettra de mettre en lumière un procédé d'identification générique ; de concrétiser les images de personnages et d'une certaine société ; de percevoir l'image du moi de m. Yourcenar souvent cachée derrière les personnages ou enchevêtrée au fond de leurs vies ; et de tracer une figure du lecteur et de sa compétence telle qu'elle est supposée par M. Yourcenar. Enfin, dans Le Labyrinthe du monde, M. Yourcenar est, semble-t-il, plus libre et plus indépendante par rapport à un genre précis et par rapport au conventionnel ''pacte'' avec le lecteur. Elle anéantit au fond la frontière générique et trame tout le réseau indissociable de l'humanisation. Le désir de « comprendre des fondements anthropologiques » communs à tout genre …