Thèse soutenue

Les marges du regard dans la fiction eliotienne
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Auteur / Autrice : Stéphanie Drouet-Richet
Direction : Hubert Teyssandier
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglaises
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 3

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Ce travail a pour objet de montrer comment, dans la fiction eliotienne, l'ecriture du regard contribue a ebranler les fondations de la representation realiste, remettant ainsi en cause les ambitions de stabilite, de permanence et d'ordre universel affichees par cette ideologie. Certes le regard descripteur encadrant est bien present dans cette oeuvre fortement ancree dans un systeme referentiel essentiellement mimetique. Le regard instaure cependant au sein du texte, veritable "machine a faire voir", un dynamisme qui l'entraine vers des espaces limites ou de l'entre-deux de la representation. Decentre, desoriente, le regard glisse le long de lignes de fuite vers des territoires fictifs et artistiques multiples. L'ecriture se fait visuelle, picturale, transgressant les codes et oscillant entre divers systemes de representation. Une etude des modalites de la vision permet de percevoir tout ce que le projet realiste comporte d'irrealisable dans ses marges. L'opacification du regard, organiquement defaillant ou occulte par des masques, dit la difficulte a bien voir, constat a valeur eminemment morale qui menace sa fonction representative et met en peril l'unite du sujet. A l'inverse, trop de regard tue le regard. Aveugle de lumiere, surdetermine, il fait obstacle a la connaissance dont il est pourtant traditionnellement la clef. Petrifie par le desir medusant, hallucine par des transes pathologiques ou mystiques, il s'abime dans une non-vision qui s'apparente au vide de la mort. La representation, aux marges du regard, est menacee dans son integrite par les premices du seisme moderniste a venir, mais non encore advenu. Si l'ecriture eliotienne explore les limites de la representation visuelle, elle reste attachee a ce systeme et affirme finalement sa foi dans le regard, qu'elle pose comme principe unificateur et heuristique, comme l'instrument de la vision lucide et eclairee qui doit mener a l'unite supreme.