Thèse soutenue

Personne, personnage, identification emphatique : pour une analyse des fictions de l'identité personnelle
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Auteur / Autrice : Christian Dours
Direction : Marc Jimenez
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris 1

Résumé

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Le but principal de l'étude est l'analyse et l'interprétation de fictions construites autour de la question philosophique de l'identité personnelle. Le corpus de textes concernes va de Locke (essai concernant l'entendement humain, 1690) à D. Parfit (reasons and persons, 1984) et S. Shoemaker (identity, cause, and mind, 1984), en passant par Reid (essays on the intellectual powers of man, 1785), B. Williams (problems of the self, 1973), J. Perry {personal identity, 1975). Les trois premiers chapitres montrent que ces fictions ne doivent pas être confondues avec des expériences de pensée dans la mesure où elles supposent une identification empathique du lecteur avec un personnage fictif. Une telle identification, spécifiée par les schémas de l'échange des corps, d'une "quasi-mémoire", d'une conscience "ramifiée", n'est possible que si elle fait référence à une expérience de soi qui n'a de sens que dans les limites de la perspective de la première personne. Elle exclut donc, pour l'esprit et le corps, toute recherche scientifique de déterminations substantielles et relations causales - alors que cette recherche reste le principe de toute expérience de pensée. Les chapitres 3 à 6 comparent ces fictions à des œuvres littéraires ou à d'autres fictions philosophiques (allégories, utopies). Il apparait que les fictions appartenant au genre du fantastique et les utopies ont en commun avec les fictions de l'identité personnelle une caractéristique essentielle : elles doivent être lues littéralement, et non pas comme des métaphores, et leurs personnages ne réfèrent qu'à l'expérience du lecteur lorsqu'il s'identifie à eux, ou lorsqu'il s'imagine habiter un monde utopique. Au contraire, l'allégorie suppose une lecture métaphorique, construit de pures tautologies, sans fonction référentielle. On peut donc en conclure que le lien entre personne et personnage n'est fondé que sur une identification empathique.