L'abus de gestion en droit pénal des affaires
Auteur / Autrice : | Ahmed Marei |
Direction : | Reynald Ottenhof |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Droit pénal |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Nantes |
Mots clés
Résumé
Au début de ce siècle, une politique de pénalisation a été déclenchée, à la suite des scandales financiers de la troisième république, commis par les gestionnaires indélicats de certaines sociétés commerciales. Afin de réprimer directement cette gestion déloyale des biens d'autrui, le législateur a édicté des incriminations spécifiques, celles qui appartiennent aujourd'hui a ce que l'on appelle le droit pénal des sociétés. L'abus de biens sociaux (ABS) est le <<noyau dur>> de ce droit pénal des sociétés, considère comme la branche phare du droit pénal des affaires. L'institution de ce délit se justifie par l'insuffisance des incriminations communes pour frapper la malhonnêteté portant atteinte à l’intérêt social. Au cours de ces dernières années, la répression de l'abus de gestion par cette incrimination spécifique a connu certaines dérives jurisprudentielles. En effet, cette infraction est devenue un <<délit prétexte>>, tendant à moraliser la vie des affaires en sanctionnant d'autres agissements frauduleux, notamment la corruption, le trafic d'influence et le financement occulte des partis politiques, lorsque la qualification principale n'aboutit pas. La réalisation de ce but a pousse la jurisprudence à interpréter largement les éléments constitutifs du délit, qui sont ainsi devenus inclassables, et à innover des règles répressives dérogatoires. L'objectif de la jurisprudence est louable, mais la méthode utilisée est critiquable : il ne faut pas que les juges jouent le rôle du législateur. Au nom de la légalité, clé de voûte du droit pénal, une réforme s'impose afin de resserrer l'incrimination de cet <<épouvantail>> et pour adopter les solutions prétoriennes innovées dans son régime répressif, notamment celles qui concernent l'application de celui-ci en matière de groupe des sociétés et son régime de prescription. Les scandales de la cinquième République se sont multipliés et le public attend le courage politique pour réaliser l'indispensable reforme