Thèse soutenue

L'urne, l'étoile et le croissant : le Masjumi (1945-1960) : un parti démocrate musulman dans l'Indonésie contemporaine

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Auteur / Autrice : Rémy Madinier
Direction : Claude Prudhomme
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Géographie, Histoire, Histoire de l'Art, Tourisme
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Lyon 2

Mots clés

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Résumé

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Fondé en novembre 1945, le Masjumi fut sans doute le plus grand parti islamique du monde contemporain. Rassemblant à l'origine, l'ensemble des associations musulmanes d'Indonésie, il joua un rôle de premier plan durant la période dite de '' Révolution physique '' (1945-1949) puis fut le principal parti de gouvernement entre 1950 et 1955, une fois l'indépendance du pays assuré. Mais derrière l'unanimisme de la période révolutionnaire se profilait de graves dissensions qui entraînèrent plusieurs scissions au sein du parti (en 1947 avec le PSII puis en 1952 avec le Nahdlatul Ulama). L'essentiel de l'idéologie du Masjumi jusqu'en 1957 fut consacrée à tenter de concilier la pratique d'une démocratie parlementaire inspirée de l'Occident et les valeurs de l'islam. Mais le relatif échec du parti aux élections de 1955 (il ne rassembla qu'un peu plus de 20% des suffrages et arriva en seconde position derrière le Partai Nasionalis Indonesia) et surtout son opposition aux projets du président Soekarno qui souhaitait l'instauration d'une '' démocratie dirigée '' entraînèrent une radicalisation de ses positions. Durant les débats à l'Assemblée constituante, entre 1957 et 1959, le Masjumi se fit le défenseur d'une conception stricte de l'Etat islamique, il réclama en particulier l'inscription dans la Constitution de la charte de Jakarta qui faisait obligation aux musulmans d'appliquer la loi islamique. Mais dans le même temps ses dirigeants défendirent pied à pied la démocratie parlementaire allant même, pour certains d'entre eux, jusqu'à s'engager dans le vaste mouvement de re����bellion régionaliste qui ébranla l'Indonésie entre 1958 et 1960. Interdit en 1960, le Masjumi demeure aujourd'hui le symbole d'une unité perdue de l'islam politique indonésien, même si son héritage semble avoir été accaparé par les tenants d'un islam radical oublieux de son attachement à la démocratie.