La précarité au masculin et au féminin
Auteur / Autrice : | Dominique Revel |
Direction : | Philippe Fritsch |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie. Anthropologie |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La précarité professionnelle remet en question les temporalités professionnelles dominantes de la stabilité et de la régularité, et de ce fait, met en jeu le processus de socialisation professionnelle. Mais en outre, l'analyse compréhensive de discours de jeunes de 18 à 25 ans fréquentant une Mission Locale, met en évidence que de multiples temporalités, autres que la précarité, se constituent comme bien davantage problématiques pour ces jeunes, hommes et femmes. Face aux bouleversements provoqués par la mutation des temporalités professionnelles dominantes, les jeunes vont mettre en oeuvre des pratiques de mise à distance du travail sexuellement différenciées. Le travail demeure un élément fondamental dans la construction identitaire de ces jeunes hommes , ils s'attacheront en conséquence à construire leurs parcours d'insertion dans la volonté d'échapper aux emplois'', bien souvent précaires, et ce afin d'accéder aux ''métiers'', seuls à même de garantir une identité non seulement professionnelle mais sociale. La formation professionnelle constituera le moyen privilégié pour échapper à des activités professionnelles non signifiantes. En revanche, pour la majorité de ces jeunes femmes, le travail est davantage appréhendé dans sa dimension instrumentale, et la mise à distance des emplois précaires se réalisera bien davantage, si ce n'est exclusivement, par l'investissement de la sphère familiale. La précarité professionnelle représente une menace sociale, et en tant que telle elle a été construite socialement comme problématique car elle remet en question la rentabilité du capital humain investi par la société. Mais au-delà de la précarité c'est l''ensemble du procès de travail qui représente une souffrance sociale, car la société de travail telle qu'elle s'est constuite au cours des dernières décennies ne permet pas aux individus d'accorder l'''identité pour soi'' avec l'''identité pour autrui'', et de surcroît de trouver des réponses collectives et non pas seulement individuelles à leur souffrance.