Thèse soutenue

Politique du pardon : amnistie et transitions démocratiques : une approche comparative

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Auteur / Autrice : Sandrine Lefranc
Direction : Jean-Marie Donegani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique. Pensée politique
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

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Dans le contexte des processus de démocratisation engages dans les années 1980 et 1990 dans le Cône sud latino-américain (Argentine, Uruguay et Chili) et en Afrique du sud, les gouvernements ont du faire face à la question des crimes commis par les agents et responsables du régime autoritaire. Ils y ont répondu par des mesures de rémission juridique, et notamment par l'amnistie. La justice de transition est donc le plus souvent une «injustice ». La comparaison de ces cas révèle une autre caractéristique saillante de ces processus : le déploiement par les gouvernants d'une rhétorique du pardon et de la réconciliation nationale. Ce registre de discours vise bien entendu à légitimer l'interruption du « cours normal » de la justice. Néanmoins, il devient rapidement l'un des principaux fils directeurs des débats entre les acteurs impliqués. Même lorsque la figure du pardon est rejetée par les membres de ces deux derniers groupes, elle devient une référence récurrente dans leurs discours. Les réflexions philosophiques et sociologiques sur la notion de pardon (parmi lesquelles celles de H. Arendt, V. Jankélévitch, Paul Ricoeur et Luc Boltanski) permettent de mieux cerner ces politiques du pardon. Ressource de légitimation, la figure du pardon est l'un des éléments du débat sur la justice de transition : elle pose la question de la criminalité bureaucratique, c'est-à-dire d'une violence d'Etat que les mécanismes juridiques et politiques d'imputation de la responsabilité ne sont pas en mesure d'administrer. Bien qu'elle ne traduise pas l'existence d'un « pardon politique », la rhétorique du pardon produit des effets sur le débat : les victimes parviennent à se réapproprier ce discours qui devait permettre de mettre un « point final » à la question, et à en faire le support d'une exigence de justice. La notion de pardon permet de mieux cerner les enjeux de la justice de transition et, plus largement de la démocratisation.