Thèse soutenue

Le conflit helléno-turc : nouvelles donnes et nouveaux acteurs dans le système postbipolaire et à l'âge de la globalisation

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Auteur / Autrice : Gilles Bertrand
Direction : Bertrand Badie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique. Relations internationales
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques

Résumé

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Le conflit helléne-turc est apparemment un conflit interétatique très classique : les enjeux en sont le statut de Chypre, les délimitations maritimes et aériennes en mer Egée, donc des questions de souveraineté et de territoire. Ce conflit a éclaté pendant la guerre froide (1955). Son identité comme conflit de la guerre froide fait débat, d'autant que la fin de celle-ci n'a pas entraîné sa résolution. La question est de savoir si le contexte de l'après-guerre froide et l'accélération du phénomène de mondialisation (particulièrement la révolution technologique des moyens de communication) affectent ce conflit comme ils peuvent affecter d'autres conflits interétatiques classiques ou en structurer de nouveaux (guerre du golfe, guerres de Yougoslavie) : nouvelles perceptions par les acteurs, autonomie grandissante des acteurs non étatiques, environnement régional (Balkans et Moyen-Orient en l'occurrence) de plus en plus imprévisible. D'où, notamment, l'attrait des processus de régionalisation, à un niveau encore faible de coopération (zone de coopération économique de la Mer noire dont sont membres Grèce et Turquie), ou à un niveau très élevé d'intégration (Union européenne à laquelle Chypre et la Turquie souhaitent adhérer). L'examen de la période qui va du processus de rapprochement bilatéral dit de Davos (1988) à celui dit du « tremblement de terre » (1999) montre un phénomène de « bifurcation » (suivant le paradigme de James Rosenau) entre l'espace des relations interétatiques qui progressent peu vers la coopération, en raison de l'absence de volonté politique et de la puissance du nationalisme de part et d'autre de la mer Egée et de la « ligne verte » à Chypre, et d'autre part l'espace transnational dans lequel les relations entre acteurs des sociétés civiles grecque, turque et chypriote(s) se développent avec un dynamisme certain. La globalisation et la mondialisation donnent également de plus grandes marges de manœuvres aux groupes armés clandestins (17 novembre en Grèce, PKK, ou Loups gris en Turquie), aux organisations diasporiques et aux stratégies individuelles (telles que les recours auprès de la Cour européenne des droits de l'homme contre l'occupation d'une partie de Chypre par la Turquie).