La correspondance Paulhan-Guéhenno, 1926-1968 : deux intellectuels dans le siècle
Auteur / Autrice : | Jean-Kély Paulhan |
Direction : | Michel Winock |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
Jean Paulhan et Jean Guéhenno ont échangé près de cinq cents lettres entre 1926 et 1968. Directeurs de grandes revues, rivales et complémentaires, ils ont partagé une extrême attention à la création littéraire de leur temps, à la vie des œuvres et de leurs auteurs. En dehors de cette passion, tout ou presque les a opposés au cours de ce demi-siècle, où la violence des débats idéologiques - engagement, pacifisme, internationalisme, socialisme marxiste ou de tradition francaise, anticolonialisme, gaullisme. . . - n'épuise pas le sens des tragédies collectives en Europe. Comment le dialogue professionnel, teinté de méfiance ou d'incompréhension, s'est-il élargi en une amitié profonde ? La conscience d'origines communes, modestes et provinciales, du caractère accidentel ou précaire de la '' réussite '' en littérature (comme dans la vie), l'attachement aux valeurs républicaines (plus que démocratiques), l'adoucissement d'une franchise brutale par le biais de l'écriture, l'engagement immédiat dans la résistance à Vichy et au nazisme, expliquent cette amitié. Un Paulhan moins connu apparaît ici, relecteur de certains grands textes de Guéhenno avant leur remise à l'imprimeur, pratiquant un mélange d'intransigeance et de compréhension à l'égard de l'une des grandes figures intellectuelles du front populaire. Ces lettres révèlent aussi un Guéhenno plus complexe que le florilège de textes édifiants - toujours les mêmes -, auquel on le réduit aujourd'hui. Ce culte de la littérature, dont il a montré les limites et les ambiguïtés, dont il a contribué à enregistrer la fin dans notre société, n'en a-t-il pas été l'un des derniers serviteurs ? Au-delà de l'ambition, vite abandonnée, de passer à une forme d'art supérieure, l'essayiste a sans doute eu une conviction, et c'est elle qui le met de plain-pied avec Paulhan, fonde leur langage commun : seule la littérature peut dire le monde et le changer, au moins de façon durable.