Le désir de métier : l'entreprise et ses dynamiques professionnelles méconnues
Auteur / Autrice : | Florence Osty |
Direction : | Renaud Sainsaulieu |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
Le constat d'un retour massif à un désir de réalisation professionnelle, interroge le sociologue sur les conditions d'émergence et de reconnaissance de cette dynamique sociale. C'est en rapportant l'analyse du métier à trois dimensions (la compétence, l'identité et les règles) que l'on peut saisir la signification d'un tel phénomène. La construction d'un savoir opératoire, individuel et collectif et l’élaboration de règles locales légitimes sont des caractéristiques de la dynamique sociale de métier. La socialisation, vue sous l'angle des modes d'intégration à une communauté de métier mais aussi celui par lequel s'exerce une construction particulière du sujet dans les interactions quotidiennes de travail représente le dernier trait des métiers contemporains. Le métier apparait alors comme une expérience de subjectivation au travail, matérialisée par un savoir protique et permise par la maitrise d'un espace d'autonomie, plus qu'une catégorie socialement définie. Mais c'est sur la question de la reconnaissance qu'achoppent ces dynamiques sociales. Elle révèle tout d'abord un contentieux entre les professionnels, pour lesquels la compétence réfère au savoir d'action, et l'entreprise, la réduisant à sa valeur d'usage (qualification), mais aussi une tension sur la représentation de la mission. L'écartèlement entre l'expérience subjective de travail et les valeurs véhiculées par l'institution d'appartenance met en jeu la cohérence personnelle et rend périlleuse, l'articulation entre deux espaces d'identification (le métier et l'institution). Enfin, la scène de la régulation conjointe se déplace du niveau central (entre acteurs institutionnels) pour opérer au sein des relations hiérarchiques de proximité. La révélation de l'importance des logiques sociales de métier en entreprise permet de proposer un cadre d'analyse renouvelle de la modernisation, appelant de ses voeux l’élaboration de compromis sociaux plus légitimes, parce que plus centres sur la nature réelle du travail.