Thèse soutenue

Corps, différence des sexes et infortune : transmission de l'identité et des savoirs en islam malékite et dans la société maure de Mauritanie

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Auteur / Autrice : Corinne Fortier
Direction : Pierre Bonte
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Ethnologie
Date : Soutenance en 2000
Etablissement(s) : Paris, EHESS

Résumé

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Le corps est au coeur de la problématique de la transmission de l'identité et des savoirs. L’identité sociale dans la société maure est avant tout tribale et statutaire. Mais au niveau de la tribu, le principe de filiation agnatique n'est pas le seul principe d'appartenance ; l'affiliation reste possible dans la mesure ou se référer à un même ancêtre éponyme, porter le même nom tribal, et avoir les mêmes emblèmes déterminent l'identité de la tribu, et où les devoirs mutuels de protection actualisent sa cohésion. Si le sang n'est pas fondamental pour transmettre l'identité au niveau du groupe, il en est de même au niveau individuel, comme le montre l'analyse de la parenté de lait ainsi que d'autres formes ''non substantielles'' de parente. De plus, si l'on est, de naissance, marabout, guerrier, tributaire, ancien esclave, forgeron, ou griot, ce statut défini également par l'activité peut varier dans le temps et dans l'espace. L’identité sexuelle s'inscrit dans le corps au cours de l'enfance a travers les coiffures, les parures, les postures, l'excision et la circoncision, le gavage et l'enseignement coranique. La poésie, élément majeur de la séduction, se révèle comme le matériau privilégie d'une anthropologie des affects. A celle-ci correspond une anthropologie du juridique relative au mariage, à l'héritage, au divorce, et à la reconnaissance de paternité. Les rituels de mariage et de naissance sont des moments d'inversion de la domination masculine ou la finalité reproductive de la sexualité féminine est enjeu et doit être a tout prix protégée des influences malignes ('ayn, jnun. . . ). De nombreuses pratiques (divination, magie. . . ) visent à contrevenir à l'infortune, y compris les pratiques cultuelles (prière, jeune. . . ) dont la commune valeur, d'ordre ethico-redigieux, est celle de l'aumône {sadaqa). Cette étude, qui réalise la jonction entre les textes et le terrain, amène a reconsidérer les catégories d'oralité et d'écriture. De ''tradition populaire''et ''savante''. De ''pratiques coutumières'' et ''juridiques''.