L'autobiographie à l'ère du soupçon : Barthes, Sarraute et Robbe-Grillet
Auteur / Autrice : | Mounir Laouyen |
Direction : | Alain Montandon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 2 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
L'objet de cette étude est de montrer comment l'ère du soupçon avec son cortège d'incertitudes, d'interrogations et de béances tente d'investir le discours autobiographique du 20e siècle finissant. L'autobiographie du soupçon a perdu la transcendance divine et l'''immanence du coeur''. L'instance divine et l'évidence intérieure, comme garantes du vrai, se sont effondrées. Il en résulte un texte qui se donne à lire comme le produit de ses lacunes, inhibitions, inachèvement, in-finition de ses utopies et parfois de ses fictions. Un trait caractéristique de l'autobiographie à l'ère du soupçon, c'est l'éclatement ou la décomposition de l'instance indivisée et individuante. Dès qu'il s'énonce, le moi subit les épreuves du dédoublement et de la déconstruction. Pour Barthes et Robbe-Grillet écrire sur soi, est un moyen d'exister absent. Le sujet qui revient sur le devant de la scène est un sujet néantisé, vide de sa consistance, disséminé, pris en otage par les stéréotypes, perdu dans les couloirs de son propre labyrinthe intérieur. Les textes de Barthes, Sarraute, Robbe-Grillet sont hantés par une violente tension entre les correspondants d'eidos et de morphé. La réduction eidétique d'une existence est confrontée en permancence aux difficultés voire aux apories de la structuration. La corrélation hylémorphique est au centre de l'autobiographie soupçonneuse si bien que la structure est en permancence dénoncée par le discous de sa propre structuration. Dans l'autobiographie ''postmoderne'', lecture et écriture se fondent et se condondent, se relayent et s'échangent sans trève : le texte apparaît comme un circuit de réversibilté, comme un espace mixte où l'écriture ne cesse de se lire et où la lecture n'en finit pas de s'écrire et de s''inscrire. L'autobiographie soupçonneuse réalise de manière radicale la déflation de l'auteur en lecteur, cette métamorphose vertigineuse du texte en auto-exégèse