Migration et gestion collective des risques : l’exemple de la région de Kayes (Mali)
Auteur / Autrice : | Flore Gubert |
Direction : | Jean-Paul Azam |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 1 |
Résumé
Cette thèse prend acte des avancées théoriques relatives à la gestion des risques des ménages agricoles des pays en développement pour analyser le phénomène migratoire en provenance de la région de Kayes, au Mali. Située à la frontière du Sénégal et de la Mauritanie, cette région présente la caractéristique d’être un important bassin d’émigration et de recevoir, à ce titre, des flux de transfert d’une ampleur sans commune mesure avec les revenus issus des activités locales. La première partie vise à donner une vision d’ensemble du phénomène migratoire. L’exposé débute par une présentation du contexte historique dans lequel s’inscrit la dynamique que l’on observe aujourd’hui. Une analyse descriptive du modèle migratoire contemporain s’ensuit, laquelle est effectuée à partir des données d’une enquête de ménages menée par nos soins, en 1997. La seconde partie propose une analyse micro-économique du phénomène migratoire. La discussion se concentre d’abord sur les facteurs à l’origine de la migration et des transferts, puis s’intéresse à leurs impacts respectifs sur le fonctionnement des exploitations agricoles. Les résultats obtenus permettent de corroborer l’hypothèse selon laquelle la migration constitue, pour les ménages, un outil de diversification des risques, dans un contexte d’imperfection des marches du crédit et de l’assurance. Les transferts contribuent ainsi à protéger les familles contre les sinistres qu’elles subissent et, ce faisant, favorisent l’adoption de nouvelles techniques de production. Bien que cette redistribution « informelle » des revenus soit un moyen efficace de prévenir les crises alimentaires et, plus généralement, d’enrayer la pauvreté, les résultats suggèrent également qu’un tel mécanisme d’assurance se traduit par des phénomènes d’aléa moral chez les familles receveuses de transferts. En d’autres termes, les transferts entraîneraient une désincitation à l’effort et favoriseraient l’apparition d’une économie rentière.