La symbolique des saisons dans la poésie lyrique, en Italie, en Espagne et en France (1465-1645) : un prétexte pour dire le temps
Auteur / Autrice : | Marie-Anne Gironce-Evrard |
Direction : | Paule Vincenette Bétérous |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature française et comparée |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La symbolique des quatre saisons dans la poesie lyrique, du canzoniere de laurent de medicis a la mort du poete espagnol francisco de quevedo, participe a l'expression d'une angoisse commune a la renaissance et a page baroque, celle du passage du temps. Les saisons sont un bon ''pretexte'' poetique pour a la fois deguiser et reveler le mystere du temps, du carpe diem printanier a l'experience de lametamorphose et de la mort, et traduire ainsi, d'une maniere metaphorique le mouvement du parcours humain. De l'amour de mai a l'hiver du coeur, le poete fait l'experience simultanee de l'epreuve de l'amour et de l'epreuve du temps. De l'invitation printaniere, la lyrique amoureuse se poursuit par une interrogation plus tragique, liee a l'ambiguite de l'isomorphisme entre les quatre saisons et les quatre ages de l'homme. Cette ressemblance conduit a un dilemme entre le renouvellement circulaire de la nature et le cycle unique de l'homme. L'ecriture symbolique des saisons, comme une euphemisation du passage du temps, depasse alors la preoccupation amoureuse et existentielle, elle est elle-meme un enjeu par rapport au temps. Cet enjeu se nuance dans les trois pays par la reponse donnee au dilemme du temps : l'italie utilise les saisons comme un pretexte formel pour exprimer l'instabilite du temps, l'espagne y voit un argument stoicien partage entre l'ironisme et le tragique, la france y decouvre un cheminement vers dieu. La poesie lyrique, se fait donc recherche et attente d'un subterfuge d'immortalite. Ce subterfuge est celui de l'ecriture du desir d'eternite comme reponse a l'ecoulement tragique. Le poete renouvelle ainsi l'esperance lyrique en faisant des saisons l'archetype de la vie, et de la reponse chretienne au constat de la mort, la certitude de la permanence. Ecrire devient alors, par la mediation symbolique des saisons, une sorte d'alchimie poetique qui fait que le temps perdu dans le vieillissement des hommes se retrouve dans la gloire poetique et en dieu.