L'institution des ''hommes médecine'' dans l'Australie aborigène contemporaine
Auteur / Autrice : | Frédéric Viesner |
Direction : | Jean-François Baré |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie. Anthropologie sociale et culturelle |
Date : | Soutenance en 2000 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 2 |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Claude Raynaut, Barbara Glowczewski |
Résumé
Cette thèse a pour objet de fournir une analyse de la vie contemporaine de groupes humains dénommés Pitjantjatjara et Yankunitjatjara dans une aire géographique située au centre de l'Australie. Le sujet en est l'étude d'un groupe particulier d'individus que l'on nomme ''Hommes médecine'' ou Ngankari. Dans une première partie, nous définissons les rôles et les fonctions de ces personnes dans la structure socioculturelle des aborigènes de la région étudiée. Nous décrivons leur société en suivant un parcours idéal d'édification de la personne pitjantjatjara et/ou yankunitjatjara de la naissance à la mort. On y comprend l'importance du personnage du Ngankari et de ce qu'il symbolise. Nous avons voulu faire apparaître leur nature éminemment politique en ce qu'ils assurent à leur communauté aborigène et à leur groupe culturel entier un équilibre interne et externe leur permettant de fonctionner et de s'inscrire dans la durée. Nous avons donc décidé de voir dans ce corps de Ngankari non des médecins mais plus volontiers des chamanes à l'aura sociale et culturelle primordiale. C'est à ce titre que nous avons vu dans leur existence une institution. Dans une seconde partie nous rendons compte de l'organisation actuelle des groupes pitjantjatjara et essayons de voir dans les multiples services et institutions, des instances visant à l'équilibre de ces populations. Elles reprennent dans leurs domaines spécifiques le même rôle qu'occupe le Ngankari à l'échelle de toute la communauté. Après avoir relaté le long chemin des aborigènes pour la reconnaissance de leurs droits, nous étudions et analysons les différentes structures présentes sur le territoire. On y voit comment s'organise l'Anangu Pitjantjatjara soit le territoire et l'administration du groupe des Anangu que composent les Pitjantjatjara et les Yankunitjatjara. Cette 2ème partie a non seulement pour but de démontrer que les structures institutionnelles implantées sur le territoire remplissent des fonctions dont leur nature les rapproche de celles des Ngankari, mais elle veut surtout démontrer qu'elles se fondent toutes sur une vision et un modèle utopique qui fournit aux aborigènes l'occasion d'une ubiquité sociale et culturelle : dépositaires d'une tradition forte et maîtres des moyens de s'inscrire dans un monde contemporain afin de se dessiner un avenir.