Influence des rapports cellule / matrice sur la prolifération et sur le maintien de la différenciation endocrine des cellules C lors des étapes successives du développement du cancer médullaire de la thyroïde chez le rat
Auteur / Autrice : | Fatima Lekmine |
Direction : | Françoise Treilhou-Lahille |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biochimie et biologie moléculaire, endocrinologie et intéractions cellulaires |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 11 |
Jury : | Président / Présidente : Jean Girard |
Examinateurs / Examinatrices : Jean Girard, Jean-Michel Garel, Jean-Loup Duband, Annick Julienne-Moukhtar | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean-Michel Garel, Jean-Loup Duband |
Mots clés
Résumé
Le cancer médullaire de la thyroïde (CMT) se présente sous deux formes, sporadique et héréditaire. Il est issu de la tumorisation des cellules C, originaires de la crête neurale, qui sécrètent principalement la calcitonine (CT), leur marqueur spécifique. Le rat Wag/Rij est un bon modèle du CMT familial humain : en effet 50% des individus de 2 ans présentent un développement spontané de ce cancer. Les étapes de la tumorisation comportent (i) la reprise de la prolifération de ces cellules endocrines, et (ii) la perte du phénotype endocrine lors de la progression tumorale. Lors de la première étape, les cellules C se multiplient à la périphérie du follicule thyroïdien et tendent à remplacer les cellules thyroïdiennes au contact de la lame basale. Or il a été démontré que chez le porc les cellules thyroïdiennes sécrètent in vitro la laminine-2. Chez le rat Wag/Rij, nous avons localisé la laminine et le collagène IV par immunocytochimie, et montré que la lame basale persiste autour des nodules et des petites tumeurs, puis disparaît ensuite Progressivement autour des grosses tumeurs. L'expression d'ARNm de la chaîne a2 de la laminine-2 a été mise en évidence par PCR dans les cellules rMTC 6-23, une lignée tumorale provenant d'un CMT de rat Wag/Rij. En culture, de même que dans les tumeurs provoquées par injection sous-cutanées de rMTC 6-23,ces cellules synthétisent et sécrètent la laminine-2 ou mérosine. Par hybridation in situ, nous avons mis en évidence une faible expression d'ARNm de la chaîne a2 dans les cellules C de la thyroïde normale et dans les tumeurs différenciées, et par contre, une surexpression dans les grosses tumeurs spontanées et les tumeurs provoquées orthotopiques, formées par injection des cellules C tumorales rMTC 6-23 dédifférenciées. Ces résultats suggèrent une participation des cellules C dans l'élaboration de la laminine-2 de la lame basale folliculaire. La surexpression de l'ARNm de la chaîne a2 de la laminine-2 dans les grosses tumeurs concordant avec la disparition progressive de lame basale, suggère la présence dans les espaces intercellulaires d'une laminine libre incapable de s'organiser en matrice. Pour étudier les relations entre l'évolution du CMT et les constituants de la lame basale, nous avons examiné les modifications induites par la laminine-1 et -2, deux isoformes colocalisées dans la lame basale folliculaire, sur trois lignées cellulaires: les cellules murines rMTC 6-23 et CA-77 et les cellules humaines TT; ces deux dernières lignées cellulaires expriment le gène CALC I. La laminine exerce une activité mitogénique sur les cellules rMTC 6-23, qui sont très agressives, et sur les TT dans lesquelles elle diminue l'expression des ARNm et la production des peptides. Par contre, la laminine réduit le taux de prolifération et augmente la production du CGRP dans les cellules CA-77; cette réponse est comparable à celle de cellules normales et de la lignée tumorale Caco-2. Ces résultats suggèrent que la laminine pourrait exercer un effet opposé sur la prolifération et la différenciation de cellules C, en fonction du stade de l'évolution tumorale : le rôle de la laminine serait d'abord positif, maintenant la différenciation cellulaire lorsqu'elle est intégrée dans la lame basale. Puis sa forme libre agirait négativement, favorisant la prolifération des cellules tumorales.