Les religieuses en Castille : XIIe-XIIIe siècles : ordre cistercien et patronages aristocratiques
Auteur / Autrice : | Ghislain Baury |
Direction : | Odile Redon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Résumé
Nous nous sommes attache dans ce travail a determiner le role de l'ordre cistercien et des patrons aristocratiques dans les abbayes cisterciennes de moniales en castille aux xiie et xiiie siecles. Nous avons pour cela etudie le cas de trois abbayes voisines, canas, vilena et herce, toutes fondees par des personnages de la dynastie haro. L'examen de s periode s de fondation montre la participationcroissante des instances cisterciennes au detriment de l'influence des laics : absent de canas en 1169, l'ordre etait seulement represente a vilena en 1222, tandis qu 'en 1246 le chapitre general de citeaux dictait toutes les demarches institutionnelles a herce. Cette chronologie confirme l'offensive juridique de l'ordre sur les communautes feminines que l'on peut observer au debut du xiiie siecle dans les decrets capitulaires. L'obeissance future des communautes etait l'enjeu du controle des fondations : la resistance a l'administration cistercienne etait plus vive lorsque les liens avec l'ordre ne s'etablissaient pas immediatement, comme a canas. Car les cisterciennes n 'avaient guere de benefices tangibles a attendre de leur soumission a citeaux, alors que l'entretien de relations cordiales avec la dynastie fondatrice leur assurait la bienveillance des autorites laiques et ecclesiastiques et la croissance reguliere de leur domaine par de nouvelles donations, ce qui permit en effet a canas de prosperer jusqu 'a la fin du xiiie siecle. En contrepartie, les religieuses servaient les interets de la famille en priant pour les ames de ses defunts, et surtout en reservant le poste de superieure (abbesse ou << senora >>) a ses veuves, des dames qui conciliaient activites religieuses et politiques. Mais la continuite du patronage n'etait pas automatique et l'eloignement physique du groupe familial, comme a vilena, pouvait plonger les communautes dans de graves difficultes qu 'elles pouvaient resoudre uniquement en trouvant de nouveaux protecteurs. En outre, les efforts des cisterciens pour eradiquer le patronage pouvaient avoir des consequences prejudiciables : en ecartant trop brusquement le patron de herce, ils provoquerent son hostilite qui conduisit le monastere a la ruine. Les moniales demunies ne pouvaient alors compter sur l'aide des abbes cisterciens voisins, plus prompts a profiter de leur faiblesse qu 'a les aider.