Musique, rhétorique et passions : fondements socio-anthropologiques de la musique du premier baroque : Florence et Mantoue, 1580-1620
Auteur / Autrice : | Joël Heuillon |
Direction : | Jean-Paul Olive |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Musique |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 8 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Nous avons entrepris une exploration socio-historico-anthropologique de la periode d'elaboration des langages artistiques ''baroques'', recourant aux metalangues et aux textes de l'epoque. L'homme baroque (le courtisan), en pleine contre reforme, etait en ''representation'' sous le regard du prince, des clercs et de ses pairs. Il devait maitriser son affectivite par une connaissance de lui-meme (de son ''ame''). Il etait tiraille entre une raison propre a lui assurer le salut, et une imagination capable de dechainer en lui des passions (concupiscibles, faibles et tolerees, ou irascibles, menant a la perdition). Le prince poursuivait au travers des representations artistiques un projet ''civilisateur'', destine a amender les murs. Dans le souci de preserver son pouvoir et sa dynastie, la paix civile et l'harmonie sociale, il proposait a ses sujets des ''fetes'' ludiques et ''purgatives'', et a ses courtisans (ses ''rivaux'' en puissance), des representations artistiques visant une ''domestication'' de leurs ''pulsions''. Les arts ont su repondre a ses attentes. Prenant en compte l'homme dans toutes les composantes de son ame, ils ont fait uvrer en lui, alors reconciliees, les passions et la raison, temoignant d'une haute pensee de l'homme. Le ''madrigale'' polyphonique, poursuivant ces objectifs dans une ''langue'' mathematique (''l'harmonie universelle'') etait disqualifie quant a l'expression ''convenante'' des passions. Le modele monodique ''grec'' s'etait impose donnant naissance a la ''monodie accompagnee par une basse continue''. La musique s'etait donnee les moyens de realiser les fins du prince et ses fins propres par la ''mimesis'' des processus cognitifs et pathetiques, la mise en uvre de la ''sprezzatura'' et le statut nouveau accorde a l'interprete. Elle a su alors exprimer les ''grandes passions'' et a pu ''penser'' les grandes formes. Giulio caccini et claudio monteverdi furent les createurs les plus marquants du temps tant sur le plan langagier que formel.