La santé en Chine du Sud (Yunnan, Guangxi, Guangdong) à la fin de l'Empire et au début de la République
Auteur / Autrice : | Florence Bretelle-Establet |
Direction : | Marianne Bastid-Bruguière |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Etudes de l'Extrême-Orient. Chinois |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Ce travail porte sur l'histoire des pratiques de santé en Chine du sud, à la fin de l'empire et au début de la république. La période choisie (1898-1928) est cruciale : à la fin du XIXe siècle, la Chine doit supporter une présence étrangère qui va de la simple influence à la contrainte imposée. Au cours de cette période, où chaque puissance occidentale ou occidentalisée tente de s'octroyer des zones d'influence, les créations d'hôpitaux et d'écoles de médecine se multiplient. La France, qui s'est acquise une situation prépondérante au Yunnan, Guangxi et Guangdong, ne reste pas en arrière de ce mouvement et établit sept postes médicaux. De ces postes d'observation, où le médecin français est censé s'attirer la sympathie des élites et du peuple chinois mais aussi informer le gouvernement général de l’Indochine des risques épidémiologiques qu'encourt la colonie, naît une documentation sérielle et quasi ethnographique des pratiques locales de santé. Confrontées aux témoignages chinois conservés dans les chroniques locales, ces observations permettent de voir comment, dans une région soumise à des épidémies de peste quasi annuelles et ravagée par différentes formes de paludisme, les individus et l'état affrontent la maladie, et comment, au contact de l'occident, la lutte se modernise. Le dépouillement d'une centaine de chroniques locales permet de présenter les différents recours traditionnels, médecins, sorciers, rites apotropaïques, utilisés au début du XXe siècle pour combattre et prévenir maladies et épidémies. Une analyse statistique, conduite sur 422 biographies de personnes exerçant localement l'art de soigner sous les Qing, fait découvrir les caractéristiques sociales et culturelles des médecins locaux, véritables hommes de terrain. La multiplication des institutions médicales occidentales ne reste pas sans effet sur les recours traditionnels ni sur le rôle de l'état. On constate à partir de 1850 une tendance à la professionnalisation des carrières médicales ainsi que l'émergence de nouvelles organisations charitables chinoises diffusant parfois des techniques occidentales de soin. Mais la grande innovation de ces vingt premières années du XXe siècle est la mise en place d'un certain nombre de services sanitaires modernes confiés à la police, annonçant l'émergence d'un idéal de sante publique.