La Libre Culture : le mouvement nudiste en Allemagne depuis les origines au seuil du XXe siècle jusqu'à l'arrivée de Hitler au pouvoir (1905-1933) : présupposés, développements et enjeux historiques

''free body culture'', the nudist movement in Germany from its origins at the beginning of the 20th century till Hitler’s take over (1905-1933) : historical preconditions, developments and goals

• Auteur / Autrice : Marc Cluet
• Direction : Gérard Schneilin
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : Études germaniques
• Date : Soutenance en 2000
• Etablissement(s) : Paris 4

Mots clés

Mots clés contrôlés

Freideutsche Jugend -- 1913-1919

Nudisme

1900-1945

Allemagne

Mouvements de jeunesse

Résumé

L'histoire sociale du nudisme allemand, ici proposée, permet de comprendre le rôle pionnier de l’Allemagne en la matière. Le nudisme allemand a ses origines intellectuelles dans une ''philosophie du nu'', développée au XVIIIe siècle essentiellement par Winckelmann et Goethe, dans la perspective du droit naturel, attaché à l'homme dans sa ''nudité'' metasociale. Cette ''philosophie'' était un équivalent rêvé des révolutions bourgeoises. La fondation de l'empire, antidémocratique, accrut encore l'intérêt de cette nudité ''utopique'' ; mais, avant de passer à l'acte, il fallait surmonter l' ''antinudisme'' romantique. Les ''maitres du soupçon'' Marx, Nietzsche et Freud aidèrent à démystifier la ''divine pudeur''. L'art et l'hygiène firent le reste. Trois ''vagues'' successives, partiellement recoupées, peuvent être distinguées dans le nudisme jusqu'en 1933. Une première, ''germano-hellénique'' (1905 sqq. ), lancée par des intellectuels bourgeois (bildungsburger), qu'on peut qualifier de ''quarante-huitards attardés'', inscrit l'émancipation individuelle dans un projet communautaire, inévitable dans le contexte de l'empire. Une seconde, ''teutonique'' (1913 sqq. ), lancée par des petits bourgeois, venus à la nudité par imitation des pionniers, exacerbe le projet communautaire jusqu'au tribalisme - oubliant l'individu (outre les affres particulières d'une petite bourgeoisie ''décrochée'', le contexte international a joué un rôle déterminant dans cette phase - qui ne fut cependant qu'une parenthèse). La troisième vague (1923 sqq. ), celle de l'authentique ''libre culture'', lancée, conjointement, par des fils et des filles d'intellectuels bourgeois, engagés dans le mouvement de jeunesse dit ''libre allemand'' (freideutsch) et des ressortissants de la classe moyenne adaptée, renoue encore davantage avec la ''philosophie du nu'' que le nudisme ''germano-hellénique'', dans la mesure où l'émancipation individuelle s'allie désormais à une sociabilité informelle, dénuée de dimension communautaire. Ces nouvelles données, qui facilitèrent l'exportation du nudisme vers la Grande-Bretagne et les États-Unis (par le biais d'émigrants allemands), lui valurent aussi d'être (quasiment) détruit par les nazis. L'idée répandue selon laquelle le nudisme allemand aurait été ''prénazi'' depuis ses origines doit être revue.