Louis-Ferdinand Céline et Tchicaya U Tam'si : deux écrivains de l'oralité
Auteur / Autrice : | Achille Ohoussou |
Direction : | Robert Jouanny |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature comparée |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Mots clés
Résumé
Nous proposons ici une approche comparatiste de l'œuvre de deux écrivains majeurs de la littérature française et de la littérature négro-africaine d'expression française du XXème siècle : Louis-Ferdinand Céline et Tchicaya u Tam'si. Nous essayons de démontrer que l'oralité se conçoit chez les deux comme un véritable choix d'écriture et correspond à leur idée de la littérature, de la langue, du réel et de l'homme, bien qu'ils soient d'univers et de générations différents. En effet, malgré des origines sociales petit bourgeoises et lettrées, Céline et Tchicaya, grâce à leurs diverses expériences de vie et à diverses influences socio-culturelles et même religieuses, ont choisi de parler des milieux populaires et traditionnels dont ils adoptent la langue pour une approche subversive et innovante de la langue, du style et du récit. De fait, toutes les langues en bas de l'échelle linguistique ainsi que différentes langues estrangères sont introduites dans les récits qui apparaissent autant comme des espaces de sons et de parole que comme des espaces de débats socio-culturel et linguistique. La nature orale des diverses langues ajoutée au style parlé et au style oral d'écriture font de ces œuvres des œuvres diglossiques par excellence. Cette approche permet à Céline et Tchicaya de prouver leur conception de la langue comme action pour Tchicaya, et comme émotion pour Céline. C'est une manière de défendre leur rêve ou leur nostalgie d'une langue idéale et pure capable de dire la totalité du réel en toute vérité. Cette conception s'oppose au cadre rigoureux et normatif de la grammaire traditionnelle, d'où la ''destructuration'' syntaxique, morphologique et l'irrégularité rythmique des phrases tchicayennes et céliniennes. Il s'agit donc d'une subversion totale de l'écriture qui n'oublie pas d'intégrer tout le matériel oral populaire et traditionnel hérité des générations passées et conservé dans la mémoire collective. Toutefois les deux écrivains ne se contentent pas d'évoquer la richesse du patrimoine oral. Ils l'intègrent aux récits en le stylisant et en le subvertissant. Nous retrouvons ainsi dans les deux œuvres le double aspect de l'oralité comme expression orale de la pensée et comme stade d'évolution historique et psychologique de l'homme. Cela démontre le sens de la démarche engagée de Céline et Tchicaya dans la défense de l'humaine condition.