Thèse soutenue

Ordonner les temps : étude de l'historiographie de langue syriaque et de ses rapports avec l'historiographie grecque du Ve au IXe siècle

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Auteur / Autrice : Muriel Debié
Direction : Bernard Flusin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études grecques
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Paris 4

Résumé

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L'historiographie de langue syriaque constitue un rameau de l'historiographie byzantine et se développe au moment où s'éteint pour près d'un siècle l'historiographie byzantine, assurant au Proche-Orient la continuité de l'écriture historique. Derrière le nom de << chroniques >> donné à l'ensemble des textes syriaques on peut distinguer l'emprunt de plusieurs genres a l'historiographie grecque chrétienne : histoires ecclésiastiques, chronographies, chroniques brèves ou avec canons. La tradition syriaque a repris les modèles eusebiens de l'histoire mais a aussi emprunté le matériel historique aux successeurs d'Eusèbe, notamment à Socrate le scholastique qui a eu une grande influence en syriaque. Le genre de l'histoire ecclésiastique qui s'était adapté à la tradition syriaque disparait à la fin du VIe siècle pour les mêmes raisons d'inadaptation qu'en grec. Les différents niveaux d'écriture des chroniques permettent de comprendre comment travaillaient les chroniqueurs à partir du matériel d'archives (les archives d'Edesse fonctionnent jusqu'au VIIe siècle) et des listes de succession dont ils disposent et peuvent éclairer les méthodes de composition du chroniqueur grec Théophane qui utilise une source orientale. Une meilleure connaissance des structures éducatives permet de comprendre comment sont formés les auteurs et comment circulent livres, étudiants et idées et pose l'arrière-plan à la renaissance de l'historiographie grecque à la fin du VIIIe siècle. L'historiographie syriaque transmet en effet à son tour à l'historiographie grecque à la fois un modèle, celui des rubriques de la chronographie de Théophane, avatar des canons eusebiens, et un matériel centré sur le Proche-Orient. Deux types de sources sont transmis : une source annalistique et une source narrative attribuable à Théophile d'Edesse. Il existe donc bien une continuité de l'écriture historique durant les siècles obscurs byzantins mais dans une double tradition de langue grecque et syriaque qui se nourrissent l'une l'autre alternativement.