Anthropologie de Jean-Jacques Rousseau : l'homme, la morale et la modernité
Auteur / Autrice : | Michiko Yoshino |
Direction : | Bernard Bourgeois |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La présente thèse a pour but de tracer les contours de l'anthropologie de Jean-Jacques Rousseau dans sa dimension sociale et morale. Dans son étude de l'homme et de la nature humaine, Rousseau part de la connaissance de soi. Il se donne pour tâche de mettre en lumière le processus d'anthropogenèse ou l'homme de la nature passe du stade de sa nature donnée au stade de l'humanité. L'être humain est appréhendé comme étant dynamique, en devenir. Or, l'homme en tant qu'individu ne peut devenir soi que dans la société qui pourtant le dénature inéluctablement. Dans la mesure où le principe de la nature humaine consiste dans la conservation de soi ou l'amour de soi, la socialisation de l'homme apparait sous cet angle comme processus de transformation de l'amour de soi. La pensée anthropologique de rousseau se trouve ainsi marquée par l'antagonisme de l'amour de soi et de l'amour de l'humanité, de la passion et de la raison, du soi et d'autrui. La doctrine de la conscience, impulsion morale, apparait comme une issue au rapport de conflits qu'entretient le moi moderne avec autrui et la société. L'homme civil qui se livre à la poursuite de son intérêt propre, à l'individualisme egocentrique, ne peut pas être libre et heureux sans se faire vertueux par la volonté d'être maitre de soi, de ses passions. Etant motivée par l'idée d'une bonté naturelle et d'une humanité universelle, la pensée anthropologique de Rousseau se déploie comme un dialogue permanent entre vertu et bonheur, raison morale et nature humaine. La conception rationaliste de la morale, fondée sur la seule raison, est rejetée. Il est question chez lui non pas d'un système moral, cohérent en lui-même, mais d'une morale d'humanité qui se pratique par l'appui de la sensibilité du cœur.