L'euthanasie volontaire : enquête sur une demande sociale socio-anthropologique
Auteur / Autrice : | Anita Hocquard |
Direction : | Alain Gras |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Mots clés
Résumé
Alors que le suicide n'est plus interdit en France depuis la révolution, une part non négligeable de la population revendique, ç l'instar de ce qui se réclame ailleurs, le droit de mourir. Mieux, le droit d'être aidé à mourir. Comment comprendre une telle demande sociale? La question atteste encore d'un autre paradoxe : l'individu en appelle, en effet, à la solidarité sociale pour échapper, par la mort, au social et à ses solidarités. Après avoir relevé que la mort volontaire constitue le paradigme de toutes les extinctions, décadences et autres défaites (ou ek-stases), le travail présente les résultats d'une enquête conduite auprès des membres de l'association pour le droit de mourir dans la dignité. Le traitement (quantitatif et qualitatif) de 3000 questionnaires permet ainsi de dresser le profil sociologique de cette population. L'exploitation de ce matériau conduit ce faisant à une réflexion sur le droit (droit de/droit-à) et, partant, sur les pouvoirs qu'il invoque (le bio-pouvoir) ou qu'il combat (le pouvoir médical, l'acharnement thérapeutique et les techniques de réanimation médicale ). Mais la revendication euthanasique ne serait-elle pas la face visible d'une obligation masquée à disparaitre? Cette hypothèse est infirmée par l'étude du coût de la santé et du poids de l’âge. De même, si la demande peut sembler relever (en écourtant le travail du trépas) du déni de la mort, à l'examen elle apparait éviter non la mort mais la souillure que représente l'indiscernable entre-vie-et-mort. Par-dessus tout, la crainte constamment avouée de la dégradation, introduit à une réflexion sur la honte et l'intimité (la préservation sociale du secret). L'euthanasie est toujours demandée au nom d'une dignité (sociale). Les demandeurs sortiraient donc socialement de la société. Cette action réciproque de type sacrificiel, ouvre ainsi à une véritable allagmatique où s'échangent la vie et la mort, l'individu et sa société.