Analyse multidisciplinaire de la situation d'acheminement à l'hôpital psychiatrique en hospitalisation d'office
Auteur / Autrice : | Christian Boulard |
Direction : | Michel Oriol |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Nice |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Geneviève Vinsonneau, Marie Rose Moro, Alain F. Junod, Boris Cyrulnik |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
L'hospitalisation d'office en psychiatrie (sur l'initiative du préfet, loi de 1990) ne garantit pas la présence médicale lors de l'acheminement forcé du patient, laissé à la seule maîtrise des policiers, pompiers ou infirmiers psychiatriques. Ces acheminements n'ont jamais fait l'objet d'études différenciées. La construction de l'objet de recherche, d'inspiration d'ethno-anthropologique et transculturelle, sonde ces pratiques d'acheminement. L'observation participante évalue stress et richesse du matériel thérapeutique à travers deux écrits et trois vidéos. L'hypothèse est que la situation d'acheminement forcé est vécue comme une violence non contrôlée, du fait de l'abandon médical, et qu'elle préfigure la résistance aux soins du patient contraint. La méthode mobilise une mosaïque anthropologique : - L'analyse de l'expression, de la relation thématique et de la structure des discours écrits, selon les méthodes de Dollard, Osgood et Bardin - L'analyse des représentations des prélèvements vidéo selon les grilles de Coccula. La recherche confirme que les patients vivent l'acheminement comme une situation traumatisante évoquant, au plan ethno-anthropologique, les grands abandons primordiaux avec opposition, épuisement et répétition compulsive, d'où les ré-hospitalisations contraintes itératives des patients devenus véritablement carriéristes, négociant, mieux que les soignants, les chausse-trappes de cette loi toujours en chantier. Les implications pratiques, une fois acquise la présence incontournable, d'emblée et en première ligne du psychiatre, sont les attentes thérapeutiques débarrassées du contrôle social, de la labélisation iatrogène et de la déresponsabilisation chronicisante, lorsque : - Une architecture idéale de soins d'office distinguera soin et enfermement, laissera les patients pleinement responsables des actes de la vie civile, grâce à un accompagnement thérapeutique dans la cité et maintiendra, par une vie communautaire riche et un espace délibérément orienté vers la rencontre, suffisamment de liens familiaux et sociaux pour restaurer le sens social au message fou. - Une prévention dans la vie quotidienne pour laquelle, d'un saut épistémologique décisif, la psychiatrie, schizoïde tant qu'elle ne s'adressait qu'aux individus en contestation radicale avec l'ordre social, se tournera enfin vers nous-mêmes