Thèse soutenue

L'écran séducteur ou Le personnage du libertin et son adaptation à l'écran dans le cinéma européen des années 1960 aux années 1990

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Auteur / Autrice : Alain Sebbah
Direction : Jean-Michel Racault
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Littérature comparée
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : La Réunion

Résumé

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Qu'advient-il du libertin, personnage romanesque du XVIIIe siècle, adapté par le cinéma ? Le libertin, personnage littéraire, déborde les limites des textes où il apparaît. Jouant de son savoir pour entraîner sa victime à la faute il prétend, tout en cherchant l'impunité détruire et posséder l'innocence. Portant un masque qui dupe sa victime et donne le change à une société conformiste, tel un comédien, il déploie ses ruses et ses exploits sur des scènes diverses. Le libertin réunit donc en lui des postulations contraires. Il n'est pas surprenant de le trouver associé aux scénarios de l'initiation comme aux figures mythiques de la séduction ou Protée, modèle de l'être insaisissable. Personnage ambigu, polymorphe, pervers, qui se sert des armes d'Eros et remet en cause les représentations trop univoques de l'être humain, le libertin ne pouvait que toucher notre siècle et, par conséquent' le cinéma. Des années 1960 aux années 1990, Les liaisons dangereuses ont été adaptées quatre fois (R. Vadim, C. Brabant, S. Frears, M. Forman). Casanova apparaît dans trois films de notre corpus (Federico Fellini, Ettore Scola, Luigi Comencini), Pasolini met en scène Sade en interrogeant ''l'anarchie du pouvoir'' dans Salo, ou les Cent Vingt journées de Sodome. Louis Malle en 1958 (Les Amants, Tirés de Point de lendemain de Vivant Denon), Peter Greenaway en 1975 (Meurtre dans un jardin anglais) racontent de façon diamétralement opposée les rapports entre le libertin et la société. Si la lecture des cinéastes transforme le personnage du libertin (mais aussi l'Histoire, l'idéologie et les partis pris esthétiques), aucun cinéaste ne peut échapper à l'évocation des mythes dans les films qu'il adapte des œuvres libertines. La mythocritique est donc ici d'un grand secours. Ajoutons que, selon que la réception du cinéaste-lecteur opère ou non un traitement réaliste, le personnage du libertin meurt ou survit. Car il est essentiellement un être fictif, le sujet d'une fable, un protagoniste mythique que l'ancrage dans une réalité trop précise détruit. C'est donc essentiellement comme figure mythique qu'il se trouve investit par des cinéastes très divers.