La sociabilité téléphonique : contribution à l'étude des réseaux de relations personnelles et du changement social
Auteur / Autrice : | Carole-Anne Riviere |
Direction : | Michel Forsé |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris, Institut d'études politiques |
Résumé
L'observation des contacts et des relations entretenus par téléphone complète la connaissance qu'on a de la sociabilité des Français. Entendue comme pratique sociale et mesurée en temps de conversation, la sociabilité téléphonique est un mode de contact qui met en avant l'existence d'un lien social de deux natures différentes. Dans un cas, il permet de renforcer l'intensité des contacts existants en face à face (chez les jeunes par exemple). Dans l'autre, il est un contact de substitution qui compense un isolement solitude chez les personnes vivant seules (les retraités par exemple) ou qui ne travaillent pas (les chômeurs par exemple). La structure des réseaux de sociabilité téléphonique met à jour cinq types de combinaisons possibles des relations, parmi lesquelles le cumul des liens constitue une logique parmi d'autres des différences relationnelles. La concentration des liens autour de pôles relationnels exclusifs (amicaux ou familiaux) est une autre alternative qui répond à une logique préférentielle vers certains types de liens. Les disparités relationnelles reflètent de moins en moins la structure des inégalités sociales traditionnelles appréhendées à travers les indicateurs de positions sociales. Elles enregistrent l'importance grandissante de clivages sociaux renvoyant à des stratégies et des choix personnels inscrits dans les modes de vie et les statuts familiaux et professionnels, aujourd'hui instables, qui traversent le cycle de vie. Les réseaux de sociabilité sont l'expression d'un capital social qui donne accès indépendamment du revenu et du diplôme à des ressources sociales. En raison du fait que ce capital social est moins contraint socialement que ne le sont le capital économique et culturel, et en raison de l'utilité différentielle des liens qui le structurent, sa valeur instrumentale ne peut être hiérarchisée. En conséquence, il apparait abusif de conclure au renforcement des inégalités sociales, par les effets cumulés du capital social, du capital économique et du capital culturel.