Thèse soutenue

Transfert et évolution géochimique de la pollution métallique en bassin versant urbain

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Auteur / Autrice : Stéphane Garnaud
Direction : Daniel Thévenot
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences et techniques
Date : Soutenance en 1999
Etablissement(s) : Marne-la-vallée, ENPC
Jury : Président / Présidente : Jean-Louis Colin
Examinateurs / Examinatrices : J. Bryan Ellis, Ghassan Chebbo, Jean-Marie Mouchel
Rapporteurs / Rapporteuses : Michel Desbordes, Michel Astruc

Résumé

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La réduction de la pollution des eaux pluviales urbaines est un enjeu environnemental majeur depuis une trentaine d’années. Des rejets urbains divers sont transportés dans la ville via le cheminement de l’eau pur rejoindre le milieu naturel. Le développement de la connaissance et de la compréhension des processus physico-chimiques mis en jeu lors du transport de différents polluants est indispensable pour une meilleure gestion du traitement des eaux pluviales (en amont comme en aval). Dans le but de caractériser et de comprendre le transport et l’évolution des formes chimiques des métaux traces en milieu urbain, deux programmes de recherche sont associés : le « Bassin Versant Urbain Expérimental » et le « PIREN-Seine ». Un bassin versant expérimental a été choisi et équipé dans le quartier du Marais à Paris afin d’étudier le transfert de la pollution métallique depuis l’atmosphère jusqu’à l’exutoire, par temps sec et par temps de pluie. Ce bassin versant de 42 hectares, imperméabilisé à 90 % et dont les eaux sont drainées par un réseau d’assainissement unitaire, est caractéristique d’un centre-ville ancien. Son dispositif de collecte à plusieurs niveaux du cheminement de l’eau (atmosphère, toitures, cours internes, chaussées, exutoire) est unique en son genre. Les métaux traces ont été analysés de Mai 1996 à octobre 1997, période pendant laquelle 20 évènements pluvieux ont été interceptés. Les concentrations totales et dissoutes, les teneurs, les répartitions entre les phases dissoutes et particulaires et les flux de cadmium, de cuivre, de plomb et de zinc présentent une évolution significative entre l’amont et l’aval de ce bassin versant ainsi qu’une variabilité importante. Au niveau du compartiment atmosphérique, les métaux traces sont principalement déposés par voie sèche (de l’ordre de 80 %) et sont transportés par la pluie sous forme dissoute (de 65 à 95 %). La nature et les caractéristiques de chaque surface urbaine influent sur la charge métallique des eaux ruisselées. Les eaux de ruissellement des toitures présentent les concentrations métalliques totales les plus élevées : elles sont fortement contaminées du fait d’une dissolution partielle des matériaux du toit et de la descente de gouttière due à l’acidité de la pluie. A l’exutoire du bassin versant, après transport dans le réseau d’assainissement, les concentrations métalliques totales diminuent par rapport à celles mesurées dans les eaux de ruissellement de toitures et la forme métallique particulaire devient majoritaire (de l’ordre de 90 %). Ce phénomène s’accompagne d’une stabilisation des formes métalliques et tend ainsi à diminuer ainsi la labilité des métaux particulaires en aval de ce bassin versant. A l’échelle de l’événement pluvieux, les eaux de ruissellement sont la principale source de métaux sur ce bassin versant. Les bilans de masses entrées/sorties (métaux dissous et particulaires) démontrent que le réseau d’assainissement est un lieu où se produisent des processus physico-chimiques nombreux et rapides. La pluie provoque l’érosion d’une fraction des dépôts constitués dans les collecteurs et contribue ainsi à la pollution métallique globale mesurée en aval du bassin versant. D’autre part, une fraction de ces mêmes dépôts, que nous n’avons pu encore identifier, se comporte comme un puits à métaux traces. Des réactions d’adsorption, de précipitation ou encore de complexation sur les particules en suspension ou sur les stocks eux-mêmes pourraient expliquer ce phénomène.