Les politiques de mémoire à Barcelone : 1860-1931
Auteur / Autrice : | Stéphane Michonneau |
Direction : | Bernard Vincent |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
La thèse étudie le processus politique et social par lequel une partie de la société barcelonaise construit une mémoire collective de 1860 à 1931. La mémoire est certes un usage politique du passé dans le présent reflétant les grandes lignes de fractures de la vie politique espagnole, mais aussi un processus d'objectivation du passé en mémoire, en fait différentiel identitaire prétendant délimiter l'ensemble de la communauté imaginée. La transformation du passé de la Catalogne en bien symbolique susceptible de fonder une identité collective différente de celle des autres espagnols renvoie non seulement à la production d'un discours sur le groupe catalan mais encore, et de manière indissociable, à sa mise en pratique par la commémoration. Autant qu'un discours d'autorité qui fait exister la nation, la mémoire est aussi une réalisation concrète qui permet l'incorporation de l'idée de nation dans le corps social. Etudier la politique de mémoire, c'est déterminer son ancrage social. A partir d'archives municipales et de sources imprimées, de presse notamment, les trois premières parties analysent en détail les conflits de mémoire et leurs enjeux politiques : la société commémorante organise d'abord une mémoire libéralo-provincialiste au xXIXe siècle puis catalaniste au XXe siècle. Les années vingt correspondent à un éclatement du modèle précédent alors que la dictature ne peut imposer une lecture univoque du passé. La dernière partie analyse les lois qui régissent cette guerre, dans l'acceptation consensuelle de règles communes entre les combattants. A travers les variations lentes du domaine du commémorable se dessinent alors les mutations du rapport au passé.