Du corps du roi aux corps de l'Etat : les jetons des grandes administrations, 1695-1758
Auteur / Autrice : | Anne Mainguy |
Direction : | Jacques Revel |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Mots clés
Résumé
Cette thèse traite d'un sujet précis, les représentations de la monarchie, à partir d'une source spécifique, les jetons. Elle tente de réhabiliter le jeton autant dans la discipline numismatique elle-même, où il est resté trop longtemps marginal, que dans la recherche historique, comme source à part entière. Le premier volume s'attache à l'étude historique de ces objets. Une première partie décrit comment le jeton, d'abord instrument de compte au Moyen âge, se voit monopoliser par l'Etat absolutiste, pour en devenir un de ses instruments privilégiés de propagande. La seconde partie étudie le parcours de l'objet : sa conception, sa frappe, son contrôle par le pouvoir monarchique, puis sa distribution aux hauts dignitaires de l'Etat comme étrennes au premier de l'an, construisant un circuit fermé. Voulu et conça par une élite, l'objet s'adresse aussi à l'élite de la monarchie, les serviteurs de l'Etat qui voient ainsi leur zèle reconnu. La troisième partie tente de relever le sens de ce langage symbolique à travers les trois grands thèmes traités dans les séries de jetons : la guerre, la maîtrise de la mer et les finances. A la lumière des écrits de Kantorowicz, Ralph Giesey, Jean-Marie Apostolides, Louis Marin (entre autres), les jetons permettent d'étudier la représentation, réaliste et symbolique, du corps du roi. L'étude du sens des représentations révèle une autonomisation des corps de l'Etat répondant à une abstraction grandissante du corps royal. Le second volume constitue par le corpus des revers étudiés, sous forme d'une fiche illustrée par jeton, avec sa description, la légende et sa traduction, ainsi que les documents d'archives qui s'y rapportent. Y figurent les jetons du Trésor royal des parties casuelles, de l'ordinaire des guerres, de l'extraordinaire des guerres, de la Marine, des galères, de l'artillerie, des bâtiments du roi,de la Chambre aux deniers, de la maison de la reine et de la maison de Madame la Dauphine. A travers l'étude de cette source, l'émergence de nouvelles valeurs apparaît, où la guerre cède devant le développement économique et les impératifs financiers. Surtout, c'est la structure d'un Etat moderne d'abord incarné par le monarque, puis de plus en plus autonome, qui se dessine