Entre désir et rejet : discours chrétiens sur le ''Converso'' dans l'Espagne du XVe siècle : essai d'interprétation
Auteur / Autrice : | Michel Jonin |
Direction : | Jeanne Battesti-Pelegrin |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Lettres |
Date : | Soutenance en 1999 |
Etablissement(s) : | Aix-Marseille 1 |
Partenaire(s) de recherche : | Autre partenaire : Université de Provence. Faculté des lettres et sciences humaines (1969-2011) |
Résumé
Notre enquete se propose d'explorer le discours religieux chretien sur le converso dans l'espagne du xve siecle. L'hypothese centrale de ce travail pose qu'un tel discours est le champ d'une tension entre le desir d'inclure l'autre par la conversion et la necessite de rejeter celui qu'on percoit comme different. Deux logique s'affrontent-t-elle ici, closes sur elles-memes ? ou bien un seul geste se deploie-t-il en deux variantes contraires mais non contradictoires ? notre corpus comprend des temoignages inquisitoriaux (1486-1502) et des discours savants : le libro del alborayque (1488) et le defensorium unitatis christianae d'alonso de cartagena (1449). Nos conclusions sont les suivantes : l'ensemble de ces discours s'inscrit dans une logique radicale qui pose le meme comme pur et l'autrecomme impur. Mais d'autre part cette logique ne doit pas etre consideree absolument. Ce differentialisme s'incarne dans un modele complexe ; dans une alternative entre inclusion et exclusion. La specificite de ce discours est celle-ci : il est a la fois differentialiste et assimilationniste. A partir de la, on formule deux observations concernant le discours pro-converso. D'une part, il est retenu dans une mouvance intolerante dont il constitue la variante offensive; l'universalisme est une dilatation de la singularite communautaire. D'autre part, cette logique differentialiste travaille par en-dessous la logique d'ouverture assimilationniste : la categorisation des individus en fonction de leur appartenance constitue un obstacle majeur au discours du libre arbitre. Enfin, nous aboutissons a une conclusion plus generale : ces discours sur le converso, quelles que soient leurs divergences apparentes se caracterisent par leur immediatete, leur incapacite a apprehender l'alterite autrement que comme un obstacle. L'autre est un objet que l'on annule ou que l'on exclut. Jamais un sujet.