Le roman populaire féminin en Allemagne autour de 1800 : deux femmes uniques, comme tant d'autres : Charlotte von Ahlefeld et Fanny Tarnow
Auteur / Autrice : | Andrea Brünig |
Direction : | Bernhild Boie |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Études germaniques |
Date : | Soutenance en 1998 |
Etablissement(s) : | Tours |
Résumé
La thèse analyse l'entrée des femmes sur la scène littéraire allemande autour de 1800 et présente, à travers les œuvres et les biographies de Charlotte von Ahlefeld (1777-1849) et de Fanny Tarnow (1779- 1862), les enjeux de l'écriture romanesque féminine. Le tome 1 montre comment un système littéraire nouveau se constitue avec le ''triviairoman''. Sa réussite marchande est un facteur de désordre dans le champ littéraire. La théorie de la dichotomie est une tentative d'exclusion qu'il s'agit de déjouer. Quand les femmes s'emparent du nouveau genre romanesque, les débats sur la personnalité, l'éducation, le statut de la femme, l'image de la romancière, s'exacerbent et l'analyse historique et sociale de la littérature peut se déployer. Une liste des 75 romancières publiant entre 1771 et 1817 et l'inventaire des 353 volumes de romans féminins parus permettent de lever les incertitudes statistiques. Une analyse du marché littéraire est présentée. Une étude de l'origine sociale, du statut matrimonial, des générations de femmes-écrivains est proposée. Le tome 2 prolonge l'approche dialectique de l'individu et du système. Il montre, à l'aide de nombreux manuscrits inédits, comment Von Ahlefeld et Tarnow deviennent écrivains de romans populaires, comment leurs œuvres rencontrant le goût du public. Elles parviennent à vivre de leur plume. Les deux romancières sont prises dans la dynamique d'une période historique qui a vu éclore un genre littéraire, mais sont aussi des individus dont l'itinéraire personnel et artistique n'est pas réductible à des déterminismes sociaux. Restituer leur singularité, analyser leurs œuvres, permet d'enrichir l'approche systémique tout en évitant les écueils du réductionnisme. Les deux romancières cherchent à innover. Dénoncent, de façon directe ou détournée, une société oppressive, traitent de l'identité. Oscillant sans cesse entre le conformisme et l'audace elles font aussi de l'activité littéraire un travail sur soi.